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Les Sans Terre organisent une grande mobilisation pour la terre et contre la répression des grands groupes économiques

odebÀ travers tout le pays, des milliers de militant-e-s du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) ont réalisé, des dernières semaines, plus de 60 occupations de grandes propriétés terriennes, de bâtiments publics, ainsi que des blocages de routes et des marches dans les capitales de São Paulo, Salvador, Belo Horizonte e Recife. Les actions font partie des Journées nationales de lutte pour la réforme agraire, qui ont débuté à la fin de ce mois d’avril.

 

Dans l’Etat de São Paulo, 1500 Sans Terre, après avoir réalisé une marche de trois jours, se joignaient, à leur arrivée dans la capitale, aux militant-e-s du MTST (Mouvement des Travailleurs Sans Toit) pour occuper les locaux de l’entreprise de construction Odebrecht. Odebrecht SA est le plus grand groupe industriel brésilien, le plus grand constructeur de barrages au monde et une des plus grandes entreprises de construction du pays. L’entreprise participe à la construction plusieurs stades de football prévus pour la Coupe du Monde au Brésil. Odebrecht SA investit aussi aujourd’hui dans les secteurs immobiliers et agroalimentaire. Elle a notamment racheté l’usine Alcídia, qui transforme de la canne-à-sucre en éthanol dans la région du Pontal do Paranapanema, située dans l’Etat de São Paulo et dominée par la monoculture de canne-à-sucre. Ces dernières années, l’entreprise a aussi profité des programmes de sous-traitance lancés par le gouvernement Brésilien, notamment en remportant la gestion de l’aéroport de Galeão (ville de São Paulo). En 2010, Odebrecht SA a destiné 10,8 millions de reais au financement de partis politiques, dont le Parti des Travailleurs (PT, parti de la présidente Dilma Rousseff), en pleine campagne électorale (voir l’article de Anne Vigna dans le Monde diplomatique Brésil: http://www.diplomatique.org.br/artigo.php?id=1501).

 

La mobilisation conjointe du MST et du MTST (un des mouvements urbains les plus combatifs au Brésil ces dernières années) se fait à partir d’une réalité sociale commune: dans les villes comme dans les campagnes, ces dernières années ont été marquées par une expulsion toujours plus grande des populations pauvres de leur habitat, sous la pression des grandes entreprises de l’agroalimentaire (dans les campagnes) et de l’immobilier (dans les villes) – qui sont parfois les mêmes, comme dans le cas d’Odebrecht SA.

 

Lors de son sixième Congrès national, en février de cette année, le MST avait défini le renforcement de l’unité entre travailleurs des villes et des campagnes comme une de ses priorités. Face aux mobilisations importantes, la répression a été extrêmement violente. Le 2 mai, dans l’Etat du Ceara (Nord-Est), deux Sans Terre étaient gravement blessés par balles – ils participaient de l’occupation d’une grande propriété terrienne dans la municipalité d’Ibaratema. Dans la nuit du 4 mai, dans l’Etat du Paraná (Sud du pays), l’agriculteur et militant du MST Valdair Roque était tué à coups d’arme à feu, lors d’une embuscade. Le 7 mai, deux membres du MST, Francisco Laci Gurgel Fernandes et Francisco Alcivan Nunes tombaient sous les balles de tueurs à moto, peu après une mobilisation qui avait réuni 500 membres du MST dans la région d’Apodi (Etat du Rio Grande do Norte, Nord-Est du pays), lieu d’intenses disputes entre petits agriculteurs et grandes entreprises de l’agronégoce. Il y a quelques semaines, un rapport international rappelait que le Brésil est un des pays les plus dangereux au monde pour les personnes qui luttent pour la redistribution des terres.

 

Source : http://amisdessansterre.wordpress.com/2014/05/09/mobilisations-pour-la-terre-et-assassinats-au-bresil/