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Lutter, construire la réforme agraire populaire ! Manifeste pour le VIème Congrès des Travailleurs Sans Terre (février 2014)

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Nous, Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), après trente ans de lutte, prenons les engagements suivants :

1 ) La terre, l’eau, les forêts, la faune, la flore, les minéraux, le soleil, bref tous les produits de la nature doivent être au service du peuple et doivent être préservés pour les générations futures .

2 ) L’accès à la terre doit être démocratisé et sa fonction sociale réalisée. Toutes les familles paysannes doivent avoir le droit de vivre et de travailler la terre et de vivre sur elle.

3 ) Nous soutenons la démarcation de tous les territoires appartenant aux peuples indigènes, aux communautés autochtones traditionnelles, quilombos des afro-descendants, riverains, mineurs et pêcheurs artisanaux.

4 ) Nous devons prioriser une production alimentaire saine, garantir la santé des producteurs, des consommateurs et la préservation de la nature. La nourriture est un droit et ne peut être réduite à des marchandises, sources d’exploitation et de lucre.

5 ) Nous soutenons le principe de la souveraineté alimentaire, pour que chaque communauté et chaque région produise la nourriture nécessaire à sa population.

6) La production agricole doit être agro-écologique et doit abolir l’utilisation des pesticides et des semences génétiquement modifiées.

7 ) Les semences sont un patrimoine des peuples au service de l’humanité, et ne peuvent être soumises à aucune propriété privée.

8) Promouvoir différentes formes de coopération agricole et développer dans les zones rurales une agro-industrie sous le contrôle de travailleurs.

9) Lutter contre la déforestation et impulser le reboisement des zones dégradées avec des arbres indigènes et fruitiers.

10 ) Développer, sous la forme de coopératives, la souveraineté énergétique de chaque communauté, profitant des sources d’énergie renouvelables, pour répondre aux besoins de la population.

11 ) Toutes les personnes vivant en zone rurale ont droit à l’éducation publique, gratuite, de qualité et à tous les niveaux, sur leur lieu de résidence.

12 ) Garantir le droit de la population paysanne à produire et à jouir des biens culturels et de l’accès aux différents médias.

13 ) Les travailleurs/employés ruraux doivent jouir des mêmes droits sociaux, de la même sécurité sociale et des mêmes garanties que les travailleurs/employés urbains.

14 ) Les relations sociales de production doivent abolir l’exploitation, l’oppression et l’aliénation. Les travailleurs doivent contrôler le résultat de leur travail.

15 ) Combattre toutes les formes de violence contre les femmes, enfants et personnes âgées. Il faut éliminéer toutes les formes de discrimination sociale, de genre, d’appartenance ethnique, religieuse ou d’orientation sexuelle.

16 ) Combattre toutes les formes de travail forcé et d’esclavage, exproprier les fermes et les entreprises qui les pratiquent et sanctionner leurs propriétaires et responsables.

17 ) Garantir l’accès à la formation permanente, technico-scientifique et politique, pour tous les habitant(e)s des zones rurales. La connaissance doit être un outil de conscientisation, de libération et d’élévation culturelle permanente.

Les zones rurales doivent être un endroit où il fait bon vivre. Où les gens voient leurs droits respectés et jouissent de conditions de vie dignes. C’est pourquoi nous maintenons notre ferme engagement de lutter pour la transformation sociale !

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En route vers le VIème Congrès du Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST) | 10-14 février 2014, Brasília / DF

Traduction : T.D.

URL de cet article : https://mouvementsansterre.wordpress.com/2013/12/30/lutter-construire-la-reforme-agraire-populaire-manifeste-pour-le-vieme-congres-des-travailleurs-sans-terre-fevrier-2014/



En route vers un Congrès historique !

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L e MST a été fondé en 1984. Trente ans plus tard, l’organisation prépare son sixième Congrès national, qui aura lieu du 10 au 14 février 2014 à Brasilia. Questions à José («Zê») Borges Sobrinho, agriculteur et dirigeant du MST à Sergipe.

Comment es-tu entré dans le MST?

J’ai milité dans un syndicat de travailleurs ruraux, puis dans le Mouvement des Chrétiens en milieu rural, avant d’entrer dans le MST. Je me suis identifié avec le MST en raison de mes origines: je suis fil d’une famille de paysans pauvres, sans terre. Mais aussi parce que le MST est un mouvement qui prône la lutte pour les droits des travailleurs plutôt que l’assistencialisme.

Quel est le rôle d’un Congrès du MST?

Le Congrès national est la plus importante instance du mouvement: elle réunit l’ensemble des militant-e-s du pays pour définr les lignes stratégiques de notre lutte. Notre dernier Congrès, en 2007, a rassemblé 15 000 Sans Terre.

Il aura lieu dans un contexte difficile…

En 30 ans de lutte, le MST a permis à 400 000 familles de vivre dignement en travaillant la terre. C’est une grande avancée. Le modèle d’agriculture que nous défendons crée 70% des emplois

dans le secteur agricole, et produit la majeure partie de la nourriture consommée dans le pays. La réforme agraire représente une vraie alternative de développement pour des millions de familles à la campagne.

Aujourd’hui, les grands propriétaires et les multinationales de l’agro-business concentrent toujours plus de terres. Cela nous a affaibli. En termes de distribution des terres, 2013 sera une des pires années depuis la fin de la dictature militaire (1984). Les difficultés ne se limitent pas au MST: nous traversons une période de descente des luttes sociales depuis l’entrée au gouvernement du Parti des Travailleurs (PT) en 2003.

Comment expliquer ce paradoxe?

La base du MST a voté pour les candidats du PT à la présidence, Lula puis Dilma Rousseff. Nous estimons qu’il s’agit d’un moindre mal face à la droite, très répressive. Mais, en 10 ans de gouvernement, le PT a oublié la réforme agraire et favorisé l’agro-business. Pour remédier à la situation, nous devons renforcer notre lutte. Aucun politicien ne va résoudre notre problème.

Quelle est la situation à Sergipe?

Ce contexte touche tout le pays. À Sergipe, nous avons eu une avancée importante dans la région semi-aride du Sertão. Un accord avec le gouvernemnent de l’Etat (Marcelo Déda, PT) a permis l’acquisition et la redistribution de grandes propriétés improductives pour 1200 familles Sans Terre. Dans les autres régions de l’Etat, il est toujours plus difficile pour les petits de gagner un bout de terre.

Comment améliorer cette situation?

Nous devons renforcer notre capacité de lutte, qui a perdu du punch ces dernières années face au gouvernement. Ce sont le nombre et l’organisation qui font notre force. Sans la pression populaire, c’est le pouvoir politique et financier des entreprises et des grands propriétaires qui impose ses priorités au gouvernement. Nous devons préparer et former notre direction, nos militant-e-s, notre base à un nouveau cycle de luttes.



Les « Sem Terrinha » en action…

Les 18-19 septembre 2013, première rencontre des « Sem Terrinha »  – enfants des familles sans terre – du campement Maria Lindaura (450 familles, région Nord de Sergipe). 150 enfants ont participé aux activités: ludiques (théâtre, bibliothèque, foot bien sûr) mais aussi éducatives – dans le contexte de campements sans eau, électricité, système d’égoût et de fosses septiques, les questions d’éducation en santé sont primordiales pour éviter les maladies qui guettent les familles et leurs enfants. Les parents étaient aussi présents. Et une participation spéciale pour nous: notre « Sem Terrinha » Nilo, déchaîné…

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Campement Virgulino Ferreira, en lutte contre l’oligarchie de Sergipe

DSCN4088Les 10 et 11 novembre, nous étions dans le campement Virgulino Ferreira da Silva, du nom du célèbre Robin des Bois local, mieux connu sous le nom de Lampião, qui volait les riches avec sa bande de cangaceiros, et est devenu un symbole de la résistance populaire face aux grands propriétaires.

Difficile de mieux choisir le nom de ce campement, qui résiste depuis des années, malgré cinq expulsions par la Police Militaire, non loin de la ville de Carira (région Agreste de l’Etat de Sergipe). 180 familles y campent au bord d’une route principale, sous un soleil de plomb. Les perspectives sont difficiles: bien que revendiquant une grande propriété improductive, les familles ont jusqu’à présent étant déboutées par l’Institut national de colonisation et réforme agraire (INCRA), chargé de conduire le processus amenant à la désappropriation des terres déclLarées improductives au sens de la Constitution brésilienne de 1988 – et selon des critères complètement dépassés.

Une des raisons des difficultés affrontées peut être la suivante: la propriété revendiquée par les familles du MST appartient à la famille Franco. Depuis la colonisation du Brésil par le Portugal, la famille Franco est une des plus riches et puissantes de l’Etat. Figurent, entre autres, à son patrimoine: d’immenses étendues de terres destinées le plus souvent à la culture de canne-à-sucre ou à l’élevage de bovins, une usine de production de sucre et d’éthanol, la plus grande entreprise de production de lait de l’Etat (Sabe), un Motel, une entreprise de production textile, les deux principales chaînes de TV de l’Etat (TV Sergipe et TV Atalaia), ainsi qu’un des trois plus importants journaux (Jornal da Cidade). La famille a dominé pendant des décennies la politique locale. Deux de ses rejetons ont gouverné l’Etat, à plusieurs reprises.


Les 180 familles du Virgulino Ferreira ont affaire à forte partie. Mais elles continuent la lutte – avec la conviction qu’elles gagneront, en fin de compte. Chapeau bas.

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Source : http://amisdessansterre.wordpress.com/2013/11/21/campement-virgulino-ferreira-en-lutte-contre-loligarchie-de-sergipe/



Stedile: « 2013: un bilan négatif pour les travailleurs de la campagne »

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C’est le bilan que tire João Pedro Stedile, dirigeant national du MST, dans un article qui vient de paraître dans la revue Caros Amigos. Selon Stedile, « le processus de concentration de la propriété de la terre et de la production agricole continue à s’accélérer. Les ressources naturelles sont toujours plus concentrées entre les mains d’un nombre réduit de capitalistes. Il y a eu une avalance de capital étranger et financier, investi pour contrôler un plus grand nombre de terres, d’eau, d’usines, d’agro-industries, et pratiquement l’ensemble du commerce extérieur des commodities agricoles. »

« Le lobby des ruralistes au Parlement, fidèle défenseur des intérêts des capitalistes – qu’ils soient grands propriétaires ou entreprises transnationales – , après nous avoir imposé, l’année passée, la défaite de la révision du Code des forêts (Codigo florestal, loi protégeant de la déforestation), veut maintenant mettre la main sur les terres des indigènes et empêcher l’entrée en vigueur de la loi qui punit ceux qui pratiquent encore le travail esclave. », continue Stedile.  « Ils veulent de plus autoriser l’utilisation des semences terminator, qui ne naissent qu’une fois et sont interdites dans le monde entier ».

Sur le gouvernement Dilma, Stedile constate qu’ »il a moins désapproprié de terres que le dernier gouvernement de la dictature militaire, celui du général Figueiredo [1979-1985]. Pendant que plus de 100 000 familles attendent, moisissant dans des campements le long des routes! »

En termes d’avancées pour les travailleurs ruraux en 2013, Stedile note la mise sur pied d’un Plan national d’Agroécologie, destinant près de 9 milliards de reais au développement de cultures agro-écologiques dans le pays; la conquête de cours d’études supérieures pour les jeunes Sans Terre, à travers des partenariats avec les universités; et le programme « plus de médecins », qui amène des médecins étrangers dans les campagnes délaissées par les médecins brésiliens.

Pour Stedile, un des éléments qui a marqué 2013 est  l’augmentation de la visibilité des contradictions sociales auxquelles mène le modèle de l’agronégoce, notamment à travers des agressions toujours plus brutales contre l’environnement, de son utilisation intensive des produits agrotoxiques – qui mène à un réel problème de santé publique, avec une augmentation des cas de cancer liés à leur consommation et utilisation – et de sa manipulation du prix des aliments.

Pour conclure, le dirigeant du MST aborde les grandes mobilisations urbaines de juin: « Dans les grandes villes, les jeunes ont été notre voix, demandant des changements et se mobilisant pour un pays meilleur. Nous nous joindrons certainement à eux en 2014, exigeant une réforme politique et la mise sur pied d’une Constituante souveraine, puique les oreilles des élites et des trois pouvoirs continuent à être bouchées par leur propre stupidité. »

Source : http://amisdessansterre.wordpress.com/2013/11/28/2013-un-bilan-negatif-pour-les-travailleurs-de-la-campagne/



Rencontre annuelle du MST: occupation d’une banque au menu

DSC04732 De mardi à vendredi, 4 jours intense de réunion pour 400 Sans Terre de l’Etat de Sergipe. Débats sur le contexte de la réforme agraire, les luttes à mener, le sixième Congrès national du MST, à venir. Et, pour rester concrets, occupation jeudi du siège de la Caixa Economica Federal, banque publique chargée notamment du financement des programmes d’habitation populaires, notamment dans les assentamentos du MST et pour les familles à bas revenu dans les villes.

A Sergipe, la Caixa bloque depuis des années les ressources financières disponibilisées par le gouvernement pour la construction de logements populaires. Conséquence: 1300 familles ayant conquis légalement le droit de vivre et d’exploiter un lopin de terre continuent à vivre dans des baraquements des années après avoir vu leur situation régularisée par les autorités. Même schéma avec les Sans Toit dans les villes. En fait, le directeur de la Caixa à Sergipe, M. Pimentel, ne libère les financements que dans les municipalités dirigées par des politiciens qui font partie de son groupe d’alliances politiques. Histoire de les pistonner pour les prochaines élections…. Un scandale – un de plus…..

Après cinq heures d’occupation par 400 militant-e-s du MST et des mouvements de sans-toit (MOTU et MSC), les représentants de la banque ont dû lâcher du mou et proposer un calendrier de résolution des problèmes. Si les avancées ne sont pas rapides, les mouvements sociaux ont annoncé d’autres mobilisations rapidement… Car les témoignages qui viennent de la base du MST durant ces rencontres sont clairs: face au blocage de la réforme agraire, il y a un appel fort à l’intensification des luttes… qui pourrait entrer en écho avec l’insatisfaction des travailleurs urbains. A suivre en 2014.

Quatre jours et nuits (dans ce type de rencontres,  presque pas de temps pour dormir) intenses et solidaires…

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Source : http://amisdessansterre.wordpress.com/2013/12/21/rencontre-annuelle-du-mst-occupation-de-banque-au-menu/