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L’identité du Forum Social Mondial. Interview de Joaquim Piñero, des relations internationales du MST
30 mars 2013, 5:29
Filed under: Solidarité internationale

Joaquim

Joaquim Piñero (photo), membre de la Coordination nationale du Mouvement des sans terre (MST) du Brésil, travaille dans le secteur des relations internationales. Pour lui, le Forum social mondial de Tunis, est aujourd’hui confronté à divers dilemmes, le plus important étant peut-être celui de son identité. Entretien.

Quel est le principal défi de cette édition nord-africaine ?

J.P. D’une manière générale, le FSM est placé face à un dilemme, à une crise d’identité. Nous savons que, face à la crise brutale du système, « un autre monde est possible ». Mais quel monde ? Comment le construire ? Les peuples, organisés ou non, les secteurs mobilisés participeront-ils à ce processus ? Si le FSM ne se place pas dans la ligne des grandes manifestations en faveur des changements qui ont lieu un peu partout, alors il perdra sa raison d’être. De nombreuses questions essentielles se posent, comme autant de défis que le Forum de Tunis devra relever.

Quel bilan le MST tire-t-il du FSM depuis sa naissance ?

La naissance du FSM, à laquelle le MST a pris part, était le fruit d’une conjoncture très difficile pour les mouvements sociaux et pour tous les travailleurs de notre continent. Les politiques néolibérales, qui manifestaient la volonté d’annexion des États-Unis et de certains gouvernements européens, étaient mises en œuvre partout et nous nous affrontions à des gouvernements totalement soumis aux intérêts du grand capital.

Les initiatives mises en œuvre pendant cette période par les organisations et les mouvements sociaux pour sortir de cette situation étaient diverses. Certaines ont réussi, d’autres non. L’une des premières actions conjointes a été la Campagne pour les 500 ans de Résistance indigène, noire et populaire, qui faisait contrepoids à la commémoration de la découverte de l’Amérique, promue par les gouvernements espagnol et portugais et fermement soutenue par les gouvernements latino-américains de l’époque.

Puis il y a eu la campagne contre la dette, celle contre le Traité de libre-échange des Amériques, les manifestations de Seattle, de Gênes, etc. Le Forum social mondial a été partie prenante de ce processus. C’était un espace d’articulation entre les nombreuses forces, mouvements et ONG, dont l’objectif premier était le combat contre le néolibéralisme, en opposition au Forum économique de Davos qui a toujours été l’espace du grand capital. Le FSM a donc très bien rempli son rôle en assurant la mise en œuvre d’actions articulées, combinées : par exemple les manifestations contre Monsanto (au Brésil) à propos des OGM, et la grande mobilisation mondiale contre l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003.

Nous pensons aujourd’hui que les changements qui se sont produits au cours des dix dernières années ont contribué à ce que la signification du Forum se perde. Les militants et les dirigeants de nos mouvements n’ont pas assez de temps et moyens  pour tous les voyages et toutes les réunions qu’impliquent les forums. Nous devons consacrer un maximum d’énergie à nos actions et à nos luttes…

L’altermondialisme est-il encore viable aujourd’hui, en 2013 ?
 
Le poète brésilien Paulo Leminski a écrit : « Dans la lutte toutes les armes sont bonnes, pierres, nuits et poèmes ».

Entretien réalisé par D’jalma Costa et Sergio Ferrari, service de presse E-CHANGER, avec le soutien de la FEDEVACO et  la Fédération Genevoise de Coopération.

Source : http://www.e-changer.ch/fr/menu-vertical-2/news/view/article/interview-avec-joaquin-pinero-a-la-veille-du-forum-social-mondial.html

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Le Mouvement des Sans Terre reçoit un Prix de la Mairie de Guernica (Pays basque) pour sa lutte en faveur de la réforme agraire
27 mars 2013, 3:04
Filed under: Solidarité internationale
Le Mouvement des Travailleurs Sans Terre du Brésil recevra le Prix Paix et Réconciliation 2013 de la mairie de Guernica, dans le Pays Basque, lors d’une cérémonie qui aura lieu le 26 avril 2013.Le MST recevra cet hommage pour organiser les agriculteurs sans terre dans la lutte pour la réforme agraire. « Il y a actuellement plus de 1.500 unités productive légalisées qui rassemblent 350 mille familles sur un total de 5 millions d’hectares » a déclaré le maire local, José María Gorroño (photo). José María GorroñoLa décision a été prise par un jury composé de représentants politiques de la mairie  Gernika-Lumo, du maire de la ville allemande de Pforzheim, de Gernika Gogoratuz, de la Fondation Maison de la Culure et du Musée de la Paix.

L’activité coïncidera avec les actes commémorant les 76 ans du bombardement de Guernica, le 26 abril 1937, par des avions allemands de la Légion Condor engagés aux côtés des franquistes durant la Guerre d’Espagne. Des milliers de personnes moururent et ce massacre inspira le célèbre tableau de Pablo Picasso, peint en 1937.

URL de cet article : https://mouvementsansterre.wordpress.com/2013/03/27/le-mouvement-des-sans-terre-recoit-un-prix-de-la-mairie-de-guernica-pays-basque-pour-sa-lutte-en-faveur-de-la-reforme-agraire/

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A Brasilia le campement paysan national « Hugo Chavez » exige la reprise de la réforme agraire.

Le Campement National « Hugo Chávez », qui a démarré le 5 Mars 2013 à Brasilia avec 400 militant(e)s Sans Terre venus de tout le Brésil, a été organisé pour dénoncer l’abandon de la réforme agraire par Dilma Roussef et les progrès de l’agro-business au Brésil.

Pour Alexandre Conceiçao, de la Coordination Nationale du Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST), ce campement répond à l’offensive du capitalisme dans les zones rurales et vise à faire pression sur le gouvernement pour qu’il libère et légalise immédiatement des terres cultivables pour 90.000 familles vivant sous des tentes au Brésil. Actuellement, plus de 150 mille familles vivent dans des campements, dans l’attente de terres. Parmi celles-ci, 90.000 sont membres du Mouvement des Sans Terre. Sous le gouvernement Rousseff seules 31 nouvelles zones ont été expropriées, soit seulement 72 mille hectares. Pendant ce temps, plus de 309 millions d’hectares de terres sont tombés sous le contrôle de l’agro-industrie.

Selon Conceiçao, ces chiffres alarmants sont le résultat de la politique du gouvernement brésilien qui protège les grands propriétaires (« latifundistes »). «Il est inacceptable que le gouvernement continue à renforcer le modèle de l’agrobusiness dans les campagnes, alors que la réforme agraire continue d’être écartée de l’agenda. La démocratisation de la terre est essentielle pour assurer la modification de la structure des grandes propriétés  terriennes et consolider un modèle de développement durable dans les zones rurales, c’est pourquoi nous voulons la réforme agraire ».

Par contraste, depuis 1999, le gouvernement vénézuélien a remis plus d’un million d’hectares de terres aux peuples indigènes du pays et la réforme agraire a permis à des dizaines de milliers de paysans de posséder leurs terres. Au total, plus de 3 millions d’hectares de terres leur ont été remis. Alors qu’en 1999, le Venezuela ne produisait que 51% des aliments qu’il consommait, en 2012 la production est de 71%. En janvier 2013 la FAO (Organisation de l’ONU pour l’Agriculture et l’Alimentation) a félicité le Venezuela pour le succès de sa politique de souveraineté alimentaire.

Dès 2007, s’opposant à l’introduction des OGM et à la substitution de cultures vivrières par celles destinées à l’éthanol, Hugo Chavez déclarait son refus d’“enlever le maïs aux gens, à la chaîne alimentaire, pour remplir les automobiles”. Le programme porté par le candidat bolivarien Nicolas Maduro pour les élections présidentielles du 14 avril 2013, le même qui avait valu sa victoire à Hugo Chavez en octobre 2012, prévoit dans son cinquième objectif de poursuivre le développement de l’agro-écologie et de l’agriculture urbaine, la réforme agraire et la protection des réserves d’eau, de la biodiversité, des lacs, mers et forêts, de continuer à s’opposer sur les plans régional et international à toute forme de commercialisation de la nature et à défendre l’équilibre climatique (tel que défini dans le Pacte de Kyoto) ; de démanteler les schémas du charbon sur le marché international qui légitiment le droit de polluer, ou encore de concrétiser un plan national contre le rejet de gaz (effet de serre) et la transformation des industries concernées.

La réforme agraire paralysée au Brésil

Le Brésil est le deuxième pays pour la concentration de la terre dans le monde, devancé seulement par le Paraguay. L’expansion de l’agro-business transforme la terre en pur actif économique et la soumet à la spéculation du marché international. L’arrêt de la réforme agraire au Brésil s’exprime dans les données honteuses du gouvernement de Dilma Rousseff : seules 23.000 personnes ont pu voir leur situation régularisée en 2012.

« Le gouvernement Dilma a fait les pires chiffres de la réforme agraire dans les 20 dernières années. L’objectif du campement est de faire pression pour remettre la réforme agraire à l’ordre du jour. Nous allons nous mobiliser en permanence. Non seulement ici, à Brasilia, mais dans tous les autres Etats. Tout au long de 2013 nous allons organiser des manifestations pour faire valoir nos exigences », explique Luiz Ferreira, coordinateur des sans Terre pour l’État de Bahia.

Le Brésil n’est pas seulement un des pays où les terres sont le plus concentrées, mais aussi le plus grand consommateur de pesticides, pour la 5ème année consécutive. Le Brésil consomme 19% de l’ensemble des produits agrochimiques produits dans le monde. Cette utilisation excessive des pesticides empoisonne la production de la nourriture et l’eau. Selon l’Agence Nationale de Surveillance Sanitaire (ANVISA), 30% des aliments consommés par les Brésiliens sont impropres à la consommation par excès de pesticides.

Campement « Hugo Chavez », Brasilia, mars 2013

Agro-écologie

Par opposition au modèle de production de l’agro-industrie, le campement permanent « Hugo Chavez » vise également à visibiliser le projet d’agriculture agro-écologique dans la société, les universités et les écoles, à discuter avec ces secteurs sur comment « les pesticides, liés à l’agro-industrie, affectent la paysannerie et comment l’agro-écologie, liée à la réforme agraire, s’exprime dans la vie quotidienne de ces gens » explique Ferreira.

Pour lui, en plus de la démocratisation de la terre, il est nécessaire que le gouvernement mette en oeuvre un programme de développement des unités productives, avec un investissement public pour offrir des crédits aux producteurs agricoles et des infrastructures dans les zones de la réforme agraire. Cela permettrait de garantir aux paysans qui se mettent à produire une vie digne, avec accès à l’éducation, à la santé, au crédit agricole et la qualité de l’habitat rural.

Dans le même sens, Ednaldo Ramalho, de la coordination du MST dans l’Etat de Pernambuco, rappelle que « le gouvernement dit que sa priorité est de renforcer les zones de peuplement et les unités productives existantes. Mais comment veut-il faire s’il ne donne pas la priorité à la réforme agraire? Si l’INCRA (Institut de la Réforme Agraire) est en faillite, abandonné ? »

Formation

Le Campement National Hugo Chavez a été conçu et construit comme un lieu de lutte et comme une école. En plus des mobilisations externes, il assure la formation politique et idéologique des 400 militants venus de chaque État du Brésil, par rotation. Selon Erica Souza, de la coordination d’État du MST à Rio de Janeiro, «l’objectif est que le campement dispose d’espaces d’enseignement théorique et pratique, intensifie un processus de formation collective, et permette de mieux connaître le profil des personnes qui y vivent pour construire ensemble l’organisation interne. «

Campement « Hugo Chavez, Brasilia mars 2013.

Pourquoi Chávez ?

Le campement a été baptisé « Hugo Chavez » le jour même de la mort du président du Venezuela (5 mars 2013) après une intense journée de lutte dans la capitale fédérale brésilienne. Au nom du Mouvement des Travailleurs Sans Terre du Brésil, Joao Pedro Stedile avait rappelé lors d’une interview à Telesur le 9 mars 2013, « le combat commun des Sans Terre et du président Chavez : création d’écoles agro-écologiques, luttes contre les OGM, réforme agraire, souveraineté alimentaire, mais aussi promotion incessante des idées des  mouvements sociaux au coeur de l’intégration latino-américaine. Beaucoup de présidents lorsqu’ils arrivent au pouvoir, se croient les maîtres du monde, ne conservent que la bouche et perdent les oreilles. Chavez, lui, en toute simplicité, t’écoutait, cherchait à converser avec toi pour apprendre,  écouter ».

« Ce furent 14 années de victoires électorales successives, mais aussi de nombreuses luttes contre le capitalisme ». Alexandre Conceiçao, de la Coordination Nationale du Mouvement des sans Terre, poursuit : « Chavez était par nature un combattant anti-capitaliste, et le Campement National est né exactement du même processus de lutte permanente contre l’avancée du capitalisme dans les campagnes et en faveur de la souveraineté des peuples. L’hommage du Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre est plus que justifié : Hugo Chavez, après avoir été porté au gouvernement par le peuple, armé de beaucoup de courage, a non seulement entrepris de libérer le peuple vénézuélien, il a aussi compris que le capitalisme était un ennemi à affronter dans toute l’Amérique latine, et qu’en tant que tel devait être combattu collectivement par tous ceux qui refusent de renoncer à la souveraineté de leur pays « .

Source (portugais) : Iris Pacheco, de la page du MST

Photos : MST / Elitiel Guedes

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/23/a-brasilia-le-campement-paysan-national-hugo-chavez-exige-la-reprise-de-la-reforme-agraire/



(vidéo et photos) Des Femmes Sans Terre organisent le campement « Hugo Chavez » à Brasilia pour une durée indéterminée

5 mars 2013, de la page du MST


Dans la matinée du 5 mars 2013, près de 700 femmes paysannes ont construit un campement de Sans Terre à Brasilia, sur un terrain jouxtant l’immeuble de l’Institut National de Colonisation et de la Réforme Agraire (Incra).

Cette action entre dans le programme d’actions et de luttes des Femmes de Via Campesina, organisée chaque année au mois de mars, et dont l’objectif principal est de faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il mette en oeuvre la réforme agraire.

Le campement ne s’est pas fixé de date limite et a accueilli dès son installation près de 700 personnes. Il vise à en réunir pour le moins deux mille à la fin de la semaine.

Rosana Fernandes, de la coordination nationale du MST, explique que “l’objectif principal du campement est de faire pression pour que le gouvernement légalise les terres occupées par 150 mille familles qui campent à travers le Brésil”. En tant qu’alternative au modèle de l’agro-business, cette série de luttes défend le modèle productif agro-écologique et la défense de notre souveraineté agro-alimentaire. Nous exigeons la concrétisation de la Réforme Agraire pour développer le pays et éliminer la pauvreté.

Le moment politique actuel paralyse cette réforme alors qu’elle est la clef du développement d’une agriculture saine et agro-écologique. La production d’aliments sains et la souveraineté alimentaire sont un des thèmes défendus par les paysannes. 30% des aliments consommés par les brésiliens sont impropres à la consommation rien que par leur contamination par des produits agro-toxiques, selon des données de l’Agence Nationale de Surveillance de la Santé (Anvisa). “C’est une bannière que nous voulons maintenir au coeur de de notre journée de lutte et de notre campement, et nous voulons mener le débat avec le reste de la société, lui montrer que nous défendons le modèle agro-écologique et pourquoi nous le défendons. Nous voulons aussi réaliser un processus de formation avec les militants qui séjourneront en permanence dans le campement”.

Un millier de militantes paysannes du Mouvement des Sans Terre et du Mouvement Populaire Paysan (MPC) ont installé le campement "Hugo Chavez" à Brasilia pour une durée indéterminée et ont organisé un acte de solidarité avec le peuple vénézuélien dès l'annonce de la mort du président bolivarien. Brasilia, 6 mars 2013..

Un millier de militantes paysannes du Mouvement des Sans Terre et du Mouvement Populaire Paysan (MPC) ont installé le campement « Hugo Chavez » à Brasilia pour une durée indéterminée et ont organisé un acte de solidarité avec le peuple vénézuélien à l’Ambassade de la République Bolivarienne. Brasilia, 6 mars 2013..

La Direction Nationale du Mouvement des Travailleurs Sans Terre du Brésil et d’autres organisations paysannes affiliées à Via Campesina expriment leur affection pour ce « leader d’origine pauvre qui n’a jamais trahi son peuple. Nous l’avons connu lors des premiers forums sociaux organisés pour débattre de la sortie du néo-libéralisme. Avec lui nous avons construit une proposition continentale d’agro-écologie qui puisse servir de base pour une politique de production d’aliments sains pour toute la population, et un réseau continental d’écoles d’agro-écologie et d’expériences de semences. Ensemble nous avons jeté les bases d’un projet d’intégration continentale, mais populaire, qui aille plus loin que les articulations gouvernementales et commerciales, un réseau de mouvements sociaux proposant des initiatives productives, d’éducation, sociales et politiques. »

Hugo Chavez visite une unité de production du Mouvement des Sans Terre (Brésil, Tapes, janvier 2003)

Hugo Chavez visite une unité de production du Mouvement des Sans Terre (Brésil, Tapes, janvier 2003)

Evo Morales parle au peuple bolivien dès qu'il apprend le décès de Hugo Chavez, La Paz, 5 mars 2013.

Evo Morales s’adresse au peuple bolivien dès qu’il apprend le décès de Hugo Chavez, La Paz, 5 mars 2013.

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Source (portugais) : http://www.mst.org.br/Mulheres-Sem-Terra-montam-acampamento-em-Brasilia-por-tempo-indeterminado

Traduction : Thierry Deronne

URL de cet article : https://mouvementsansterre.wordpress.com/2013/03/07/video-et-photos-des-femmes-sans-terre-organisent-le-campement-hugo-chavez-a-brasilia-pour-une-duree-indeterminee/