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« Chao » (« sol »), sortie du nouveau documentaire sur les Sans Terre, réalisé par Camila Freitas (2020)

CHÃO (« sol »), le documentaire sur le mouvement brésilien des sans-terre, sera diffusé en première au Brésil le 26 mars 2020. Réalisé par Camila Freitas, il raconte l’histoire quotidienne d’une occupation du MST dans le sud de l’État de Goiás. Le film a fait ses débuts mondiaux au Festival international du film de Berlin, a été projeté au DocLisboa et a déjà remporté plusieurs prix dans des festivals de cinéma.

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MST : à la découverte d’un acampamento 2/6
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» … Tout d’abord une explication sur les acampamentos et les assentamentos. Un acampamento est une occupation d’une grande propriété inexploitée pour tenter, à travers une démarche judiciaire, d’obtenir le droit de travailler cette terre : les procédures peuvent durer des années comme pour les parents de Valdir.
Un assentamento est l’installation officielle sur la terre après reconnaissance juridique de l’inexploitation de celle-ci par les anciens propriétaires…  »

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/…/  » Valdir est un Sans Terre. Son histoire mérite d’être contée : Ses parents sont des paysans sans terre. Ils sont restés 7 ans sous des bâches, dans un acampamento, qui leur servait de lieu d’habitation. De l’âge de 9 ans à 16 ans il a grandi dans ces conditions. Un des soucis majeurs du Mouvement des Sans Terre (MST) est la formation des enfants et des jeunes. Valdir a pu en bénéficier. Mais dans quelles conditions ! Pendant 4 ans, tous les soirs, car il travaillait dans la journée, et par tous les temps, il faisait 160 kms AR en moto avec un copain pour suivre des cours dans le Mato Grosso… Leur souci ? ne pas rater le dernier passage à minuit du transbordeur qui assurait la liaison sur le fleuve Parana. Combien de fois, à cause des pluies, a-t-il du dormir dans les fourrés pour attendre la reprise des rotations à 6 h … heure de sa reprise de travail…. Aujourd’hui Valdir a une formation de comptable et il se rend dans les différents campements pour travailler à leur gestion./…/

Visite de l’acampamento du 8 mars dans le Parana
« … En route avec Jean et sa voiture,  vers l’acampamento, à une cinquantaine de kms de la Copavi, nous croisons des coupeurs de canne à sucre. C’est le choc.
Les grands propriétaires terriens, lorsque le temps de la coupe est venu, ne s’embarrassent pas : ils mettent le feu à des milliers d’hectares. Désastre écologique pour la flore mais aussi pour la faune prise au piège de ce brasier. Ainsi, il ne reste que la tige de la canne et ça procure un gain de temps….Au milieu donc de ce brûlis des coupeurs de canne engoncés de la tête au pied dans des chiffons par plus de 40% à l’ombre. Ils se protègent ainsi car tiges et feuilles sont coupantes comme un rasoir et lacèrent la peau. Ces hommes sont noirs de charbon et seul leur regard brille. Certains sont dans les champs, d’autres, épuisés, sur le bord de la route : regard hagard, sans vie. Jean et Valdir nous apprennent qu’ils travaillent au rendement et doivent couper plus de 10 tonnes par jour pour un salaire de misère. Esclaves et forçats des temps modernes, Jean nous dit que, tous les ans, il y en a qui meurent d’épuisement.

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Leur espérance de vie est limitée : du temps de l’esclavage, un esclave pouvait vivre 20 ans au delà du début du travail. Aujourd’hui ces hommes ont une espérance de vie de 12 ans de travail ! J’essaie, sans conviction et abasourdi, de prendre des photos, mais de loin… Hier encore, nous étions dans le luxe à Porto Rico et nous-mêmes aujourd’hui dans l’insouciance de gens bien nantis…quelle détresse !… et que faire ?….

Notre arrivée à l’acampamento va finir de nous mettre mal à l’aise….!
L’acampamento du 8 mars (date de l’occupation, il y a quelques mois) ou encore appelé « Salvador Allende », à Terra Rica, comprend 300 familles ! Elles se sont installées suite à un constat d’improductivité : 1200 hectares sont inexploités depuis 20 ans. Peu après les premiers jours d’occupation, le propriétaire a sous-traité avec une usine de canne qui a planté des plants, voulant montrer ainsi que le terrain était en exploitation et que, donc, l’occupation était illégale. Le MST a immédiatement saccagé les champs pour couper court à cette menace (et c’est ce qu’on retenu les médias).

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Valdir nous fait pénétrer dans le camp : en effet à l’entrée une barrière ferme l’accès. Elle est tenue par des femmes. Comme chacun ici, elles sont sur le qui-vive et exercent à tour de rôle une surveillance 24 h/24h.
Un peu plus tard, à l’arrière du camp, d’une position dominant les collines, une jeune fille de 15-16 ans exerce de son côté cette surveillance avec beaucoup de sérieux et d’application : je suis bouleversé de voir cette enfant prête à sonner le tocsin pour alerter les plus de mille personnes qui vivent ici … Pourquoi cette surveillance ? Peu de jours après l’occupation, des pistoleiros, hommes de mains de la fazenda ou de l’usine, sont venus attaquer le campement, de nuit, avec des armes à feu. Pendant 4 heures, jusqu’à l’aube, ils ont harcelés hommes, femmes et enfants qui avaient réussi à s’abriter dans un hangar de brique et de fer (et pas en bois heureusement). Seules trois personnes ont été blessées.
Nous entrons dans le campement. L’accueil d’Alex, avec son tee shirt rouge, est très chaleureux. C’est lui qui nous fait découvrir le camp : sur le terrain, des lots de 15 m par 15 m accueillent des centaines de cabanes. Ce sont des ossatures de bois, souvent de bambous, sur lesquelles sont tendues des bâches agricoles noires pour protéger de la pluie. Le tout est tenu par des cordes ou des fils de fer. Chacun gère son lopin comme il l’entend : certains plantent des fleurs à l’entrée, d’autres quelques légumes. Tout est propre. le sol de terre est balayé devant chaque masure.

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Nous apprenons que lorsqu’un acampamento se met en place un « comité organisateur » distribue les tâches. Une des premières choses mises en place sera pour les enfants : visite du médecin qui deviendra hebdomadaire, création d’une pharmacie et mise en route de l’école.

Cette dernière est organisée en rotation : des cours le matin pour les uns, puis l’après midi pour les autres et enfin le soir pour les adultes. Les cours du jour concernent les 4 premières années de la scolarité enfantine; ensuite les jeunes se rendront à l’école du village voisin pour continuer leur cursus.

Un forage fournit de l’eau au camp et les services sociaux ont réussi à fournir l’électricité.
Les hommes vont dans les fazendas voisines pour trouver du travail comme journaliers en étant payés en nature par un « cesta basica », « panier de base » qui comprend nourriture, différents produits etc… Une grande parcelle du terrain occupé sera cultivée et le produit de la récolte est partagé entre tous.

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J’ai les larmes aux yeux de voir à la fois tant de misère et tant de dignité. Ces personnes viennent des 4 coins du Parana pour pouvoir espérer avoir le droit de rester ici. Mais dans combien de temps ? Certaines occupations durent 8 ans dans ces conditions ! … et si le MST « gagne », seules 80 familles sur les 300 resteront ici, les autres devront poursuivre leur lutte ailleurs…. Je comprends un peu mieux ici la nécessaire solidarité, interne et entre les campements, pour ne pas sombrer d’une manière ou d’une autre…

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Nous visiterons le camp, l’école, le hangar criblé de balles, le dispensaire, la petite épicerie…. dans chaque lieu des drapeaux rouges du MST, des photos posters, des épitaphes de Marx, du Che, de Jésus Christ, y compris jusque dans les classes primaires… « je suis sans terre, je suis sans terre, je sais, c’est l’identité la plus belle que j’ai gagnée ! »

Nous repartons de là, sonnés, et ce d’autant plus qu’à peine partis une pluie diluvienne se met à tomber avec un vent violent… des torrents d’eau et de boue nous font rouler au pas parce que nous ne pouvons pas nous arrêter….Nous pensons très fort à toutes ces personnes que nous venons de quitter : elles doivent s’organiser et lutter sans doute face à ce déluge… comment vivre dans de telles conditions… ? /…/ »

 

Source de cet article: https://kestenig.fr/mst-a-la-decouverte-dun-acampamento-2-6/



Le MST dans le viseur de Bolsonaro, augmentation de la violence contre les paysans

Par Nara Lacerda

Le discours belliciste du président se matérialise: exécution de militants, expulsions de paysans, et gros propriétaires terriens (ruralistas) au sein du pouvoir.

Lors des premiers jours de son administration, en janvier 2019, le gouvernement de Jair Bolsonaro avait déjà montré qu’il mettrait en œuvre les prises de position annoncées pendant sa campagne électorale sur les questions agraires. Au fil des mois, ses déclarations violentes se sont traduites par des actions gouvernementales. L’agressivité de ses proclamations est allée croissant, ce qui, selon les observateurs, a rendu les rapports sociaux dans la campagne brésilienne encore plus tendus.

Pendant la période électorale, Bolsonaro avait promis la fermeture des écoles du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), d’apporter un soutien juridique à ceux qui tuent les occupants de terres et de mettre fin à l’expropriation des terres des propriétaires pratiquant le travail forcé et l’esclavage. Il a également assimilé les travailleurs ruraux à des terroristes.

Le 5 janvier 2019, moins de sept jours après son installation au pouvoir, le premier acte de violence a été enregistré. Des agents de sécurité d’une entreprise privée ont tué une personne et en ont blessé huit autres lors d’une occupation de la ferme de Bauru à Colniza, dans le Mato Grosso (région du centre ouest du Brésil). A cette occasion, la déclaration d’un des gardes a déjà montré à quel point le discours belliqueux du gouvernement avait influencé le climat de permissivité face aux actes de violence.

«Il y a eu une invasion des terrains occupés par les sans-terre, qui ne sont plus sans terre car, selon Bolsonaro, ce sont des bandits… Deux bandits sont morts et cinq autres ont été blessés par balle, ils sont à l’hôpital», a déclaré le chef de la sécurité au site local d’informations Cuiabá VG News. Quatre d’entre eux ont été arrêtés «en flagrant délit», accusés de meurtre et tentative de meurtre. Mais la justice a libéré les accusés deux jours plus tard.

Toujours en janvier, le gouvernement a ordonné l’interruption de toutes les procédures d’achat et de démarcation des terres destinées aux colonies (campements) du MST.

Quelques semaines plus tard, Luiz Antônio Nabhan Garcia (ex-président de l’União Democrática Ruralista, la structure politique des grands propriétaires terriens), nommé secrétaire spécial aux Affaires Foncières, a qualifié les écoles du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre de «fabriques de dictateurs» et a déclaré que le gouvernement ferait tout pour fermer ces institutions, qui accueillent plus de 200’000 enfants et jeunes.

Faisant écho au discours violent du gouvernement fédéral, les administrations conservatrices des différents États ont commencé à agir.

Dans la dernière semaine de février, le gouverneur du Minas Gerais, Romeu Zema (depuis janvier 2019, membre du parti NOVO) a décidé de fermer l’école publique Eduardo Galeano. Cette école du Minas Gerais fonctionnait depuis trois ans dans le campement de Quilombo Campo Grande, sans aucun soutien gouvernemental, que ce soit pour le transport ou la nourriture des élèves.

Quelques jours plus tard, à Chapada Diamantina (Bahia), la Police Militaire a envahi le campement de Mãe Terra (Terre Mère) et a arrêté deux travailleurs ruraux sans avoir pour autant de mandat d’arrêt.

Dans le Pernambuco, 450 familles ont été expulsées du campement de l’usine Maravilha, dans la municipalité de Goiana, dans la région de Mata Norte. Le site était occupé depuis 2012. Les occupants exploitaient la terre, y avaient construit des maisons et une école. Par ailleurs, il y avait une procédure en cours auprès de l’INCRA (Institut National de la Colonisation et de la Réforme Agraire), qui avait déjà affecté une partie de la zone à la réforme agraire.

Dans l’ouest du Paraná, la justice a déterminé la récupération de la pré-colonie de Jangadinha, dans la municipalité de Cascavel, qui produisait 2000 kg de nourriture par semaine.

Toujours en février, l’Institut National de la Colonisation et de la Réforme Agraire (INCRA) a cessé les négociations avec les entités sans CNPJ (Cadastre qui octroie la personnalité juridique aux paysans sans terre occupant des terrains) d’où la paralysie de plusieurs fronts de dialogue et de négociation. Quelques jours plus tard, sur recommandation du Ministère Public Fédéral, le gouvernement a fait marche arrière, en arguant que la mesure pourrait donner lieu à des illégalités ou à des situations inconstitutionnelles.

Isolete Wichinieski, économiste et coordinatrice nationale de la Commission Pastorale de la Terre (Commission dépendant de la Conférence Nationale des Evêques du Brésil), a conclu qu’il existe une tentative de vider les processus de colonisation (occupations de terre): «Tous les organismes liés au thème de la réforme agraire ont été démantelés. Toutes les politiques agricoles sont paralysées. Les processus de possession communautaire sont déconstruits. Des colonies et des campements en attente de régularisation des titres de propriété et qui ont pourtant plus de dix ans d’existence ont été expulsés de leurs terres.»

En avril, Bolsonaro a attaqué, à nouveau, directement le MST. Dans une émission en direct sur Facebook, le président a déclaré qu’il avait l’intention de qualifier les occupations du MST d’actes de terrorisme et a préconisé que les propriétaires puissent tirer sur les occupants, et les tuer, sans que l’action soit pour autant considérée comme un crime.

Assassinats et expulsions

Le mois de mars, la coordinatrice (active depuis trois décennies) du Mouvement des personnes affectées par les barrages hydroélectriques, Dilma Ferreira Silva, a été cruellement assassinée dans le campement Salvador Allende à Para. Son mari, Claudionor Costa da Silva et Hilton Lopes, un ami du couple, ont également été tués. Le commanditaire du crime, le propriétaire foncier Fernando Ferreira Rosa Filho, âgé de 43 ans, a été arrêté. Selon l’enquête, son but était d’occuper une partie des terres de la colonie et d’utiliser ensuite de faux documents pour en revendiquer la propriété, une méthode qui est appelée grilagem au Brésil.

Tout au long de l’année, il y a eu des actions d’expulsion dans plusieurs États. Une des initiatives historiques et une des plus réussies du MST, le Centre de formation Paulo Freire a été ciblé par le gouvernement Bolsonaro. Située dans la colonie de Normandia, à Caruaru, municipalité de Pernambuco, l’école proposait des cours, des ateliers, des conférences en partenariat avec le gouvernement de l’État de Pernambuco et les universités. L’ordre d’expulsion a été signé par l’INCRA, la même institution qui, deux décennies plus tôt, avait rendu possible la création de ce centre de formation.

Les assauts du gouvernement de Jair Bolsonaro contre les mouvements sociaux qui travaillent dans les campagnes sont en train de s’inscrire dans une continuité.

Le 25 novembre 2019, Bolsonaro a déclaré qu’il avait l’intention d’envoyer au Congrès un projet de loi visant à autoriser des opérations de Garantie de la Loi et de l’Ordre (GLO) lors des actions de reprise de possession des terres. En pratique, cela signifie que les agents fédéraux, y compris les forces armées, pourront agir lors de ces procédures.

Kelli Mafort, membre de la direction nationale du MST, affirme que le discours haineux du gouvernement contre les travailleurs de la campagne autorise ces actes de violence, qui proviennent non seulement des agents de la sécurité publique, mais aussi des sociétés privées qui opèrent comme des milices. «Le jour où Jair Bolsonaro s’est exprimé sur la GLO rurale – de manière presque synchronisée – a eu lieu à Bahia l’une des plus grandes expulsions de paysans de l’année 2019. Cette expulsion a été exceptionnelle: il s’agit de 1700 hectares, des familles qui étaient déjà installées, une zone dont le périmètre est irrigué. Cette expulsion a été demandée par l’entreprise gouvernementale responsable, avec la présence de la Police Fédérale et en rompant les accords existants». Kelli fait référence à l’action qui a touché 700 familles dans les camps d’April Red, Dorothy et Irany, dans les municipalités de Casa Nova et Juazeiro. Outre les agents de la Police Fédérale, une structure dont la fonction n’est pas de participer à ce type d’actions, il y avait sur place des membres de la Police Militaire et des agents de sécurité privés.

Il y a eu des coups de feu, du gaz lacrymogène et des grenades de désencerclement. Les familles étaient là depuis plus de dix ans, sur la base d’un accord signé entre le Gouvernement fédéral, le Gouvernement de l’État, l’INCRA, le Défenseur du peuple pour les questions agraires, la Codevasf (Compagnie pour le développement des vallées de São Francisco et de Parnaíba) et le Ministère public.

En décembre, de nouveau des actions violentes: les campements de Zequinha et de Patria Libre dans la région métropolitaine de Belo Horizonte ont été attaqués sans ordre préalable. Les gardes de sécurité les ont encerclés et ont assiégé les plus de 1200 familles qui vivent dans cette région.

Cette agressivité a même motivé le départ de la Police Militaire du site, trois jours après l’invasion. Il a été signalé des cas d’agression, de destruction de biens et des plantations, et même de harcèlement sexuel.

Ruralistas et grileiros [1]

Quelques jours plus tôt, Bolsonaro avait signé la Mesure Provisoire du Programme de Régularisation des Terres qui est censée simplifier le processus de délivrance des titres de propriété. Mais les experts estiment que cette Mesure Provisoire est conforme aux intérêts des ruralistas et met en danger la protection de l’environnement.

Dans un entretien accordé à Brasil de Fato, la chercheuse Brenda Brito, de l’Institut de l’Homme et de l’Environnement en Amazonie (Imazon), estime que le texte stimule l’appropriation irrégulière des terres appartenant à l’État tout comme la déforestation illégale. «C’est parce qu’il modifie la date qui indique le délai pendant lequel une terre publique doit avoir été occupée afin de pouvoir prétendre à l’obtention d’un titre de propriété, en respectant certaines exigences. Chaque fois que cette date est changée, le message est qu’il est toujours possible de modifier la loi au profit de ceux qui volent des terres publiques», explique Brenda Brito.

Au milieu de la violence, des morts et des tentatives d’affaiblissement des mouvements des paysans, la production ne s’arrête pourtant pas. Le MST est aujourd’hui le plus grand producteur d’aliments biologiques au Brésil. Il existe des centaines de coopératives, plus de 90 industries agroalimentaires et 1900 associations. Les produits ne sont pas seulement consommés sur le territoire brésilien, ils sont également exportés vers d’autres pays de l’Amérique latine, de l’Amérique du Nord, d’Europe et d’Océanie. (Article publié dans Brasil do Fato en date du 30 décembre 2019; traduction de Ruben Navarro à partir de la version espagnole, complétée par celle en brésilien)

[1] Ruralistas: grands propriétaires terriens. Grileiros: ceux qui pratiquent le grilagem, appropriation des terres avec de faux titres de propriété.

 

6 – janvier – 2020

http://alencontre.org/ameriques/amelat/bresil/bresil-retrospective-le-mst-dans-le-viseur-de-bolsonaro-augmentation-de-la-violence-contre-les-paysans.html

 



Nous appelons à la solidarité avec les paysans Sans terre du Brésil: une mafia locale du régime Bolsonaro menace d’expulser 450 familles qui vivent depuis 20 ans dans une région du Minas Gerais.

Nous, les familles du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans terre du Sud de Minais Gerais, du Quilombo Campo Grande, dénonçons l’agression fasciste perpétrée contre nos vingt années de lutte.

Après de nombreuses années, les familles disposent déjà d’infrastructures d’énergie électrique, de maisons construite par nos maçons, et produisent une grande diversité de produits agro-écologiques, tels que le café, de nombreuses variétés de maïs, haricots, légumes, fruits, bétail à graines biologiques, poulets, cochons, etc… Ces familles génèrent, avec leur travail, la souveraineté alimentaire, non seulement pour ceux qui produisent et vivent sur la terre, mais pour des milliers de personnes qui ont accès à une alimentation saine, sans poison et de qualité.

Les camps génèrent également une distribution des revenus. La terre, qui étaient aux mains d’un seul propriétaire, apporte désormais une vie digne à près de 450 familles de plus de 2 000 personnes qui rêvaient déjà de posséder la terre avec un décret de l’État.

Or, aujourd’hui, à travers un pacte juridique entre les grands propriétaires, députés du groupe des ruralistes et entreprises agroalimentaires de la région, s’organise un processus d’expulsion pour les familles qui vivent, luttent et résistent depuis 20 années.

Refusons cette expulsion !

Il y a deux mois, les familles étaient presque définitivement installées, elles peuvent à présent perdre tout ce qu’elles ont construit au fil des ans.

C’est l’un des plus anciens conflits agraires du pays.

Nous demandons à toutes les organisations, sympathisants, d’envoyer l’e-mail ci-dessous aux adresses suivantes:

bhe.vagraria@tjmg.jus.br  (personnel agraire)

contato@crdhsulmg.com.br  (entité qui suit l’affaire)

 

A l’attention du Docteur Walter Ziwicker Esbaille Junior,

Je vous écris à propos de l’action de reprise de possession n ° 0024.11.188.917-6 déposée le 17/06/2011, pour vous demander d’agir pour empêcher cette dépossession et cette expulsion, par conformité aux articles 22 à 20 de la DUDH garante des droits sociaux, du droit de travailler, le choix du travail. Les 450 familles, soit plus de 2000 personnes, occupent ces terres depuis plus de 20 ans, ont établi leurs maisons, leur production et la reproduction de la vie dans ce lieu.

Nous faisons appel à vous pour résoudre ce conflit et garantir le droit des familles à rester sur ces lieux

Nom / Organisation, Etat, pays, date

Nous sommes la résistance!

La lutte pour Adrianopolis est la lutte pour la démocratie !

 

Traduction : T.Deronne

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Le Brésil est quilombola !
9 février 2018, 11:51
Filed under: Droit de la Terre, Lutte

Nouveau round dans la lutte des quilombolas pour leurs terres. Ce jeudi 8, le Tribunal Suprême Fédéral s’est réuni en séance plénière pour reprendre l’examen de l’action directe d’inconstitutionnalité (ADI) 3.239 intentée en 2004 par le parti de centre-droit, Democratas (DEM) contre le Décret 4887/2003 qui réglemente le droit à leurs terres. Et la victoire a eu lieu, score : 10 votes contre 1.

Le procès était suspendu depuis 2012 avec des reports d’audience successifs. Mais que sont 5 ans d’attente comparés aux 100 ans qu’il a fallu entre l’abolition de l’esclavage et la promulgation de la Constitution de 1988 qui reconnait « aux descendants des communautés de quilombos qui sont occupant de leurs terres, […] la propriété définitive ; à charge pour l’État de leur émettre les titres respectifs », et admet finalement leur droit à leurs terres ancestrales ? Ou la lenteur qui a marqué les procédures de délimitation territoriale ? Une des plus grandes richesses du Brésil est sa diversité culturelle. Comment pourrions nous abandonner une culture si belle que la quilombola ?

À peine 4% des plus de 1600 procédures en obtention des titres de propriété des terres quilombolas en attente devant l’Institution Nationale de Colonisation et Réforme Agraire (INCRA) ont été résolues. Au-delà du programme de reconnaissance des terres qui avance à pas de tortue, c’est son budget qui a été réduit de 94% en sept ans, passant de R$ 64 millions en 2010 à R$ 4 millions en 2017.

L’action ADI 3.239 a été portée devant le STF le 25 juin 2004, par le DEM, alors encore dénommé Parti du Front Libéral (PFL). Une décision du STF en faveur de l’inconstitutionnalité du Décret 4.887 pourrait paralyser la progression des procédures d’obtention des titres sur les terres quilombolas, et encore plus grave, annulerait la propriété des terres déjà établie.

Le score du jugement en était à 2 contre 1. En 2012, le juge rapporteur, Cezar Peluso, à la retraite, était favorable à l’accueil de l’action. Trois ans plus tard, la juge Rosa Weber présenta un vote contraire à l’ADI. L’action revint à n’être examinée qu’en novembre de l’an dernier, quand le juge Dias Toffoli donna gain de cause aux quilombolas, mais défendant la nécessité d’établir une date limite à l’édition des titres de propriété, le fameux « cadre temporel ». Par la suite, son collègue Edson Fachin décida de convoquer une audience du procès.

Selon la thèse du « cadre temporel », seules auraient droit à leurs terres les communautés qui les occupaient le 5 octobre 1988, jour de promulgation de la Constitution Fédérale. Cette thèse, cependant, ignore le fait qu’à cette date beaucoup de quilombolas avaient déjà été expulsés de leurs terres par des intrus et n’avaient pas de moyens de preuve de leur possession. Pour cette raison, le juge Ricardo Lewandowski a considéré cette condition comme « preuve diabolique », car difficile voire impossible à remplir. Le 8 février 2018 entre définitivement dans l’histoire des quilombolas. Pas un quilombola de moins !

Traductrice: Agathe Francopoulo

Merci à Monique Murga

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Les 300 familles du campement des Travailleurs Sans Terre « Hugo Chavez » expulsées manu militari au Brésil

Aujourd’hui 14 décembre 2017, sous la pluie et dans le froid, le Commando des Missions Spéciales (CME) est arrivé au campement Hugo Chávez et en a expulsé les quelques 300 familles qui y vivaient avec leurs 150 enfants, dix jours avant Noël, en dépit de l’appel lancé par les organisations, mouvements et organisations sociales nationales et internationales, religieux, artistes pour demander l’arrêt de cette procédure.

C’est une expulsion de plus parmi les 20 prévues dans la région, toutes décidées par le juge Amarildo Mazzuti de la juridiction agraire de Marabá. Le Mouvement des Sans Terre du Para dénonce l’action de la police, coordonnée par le gouvernement de l’état, le harcèlement et la violence auxquelles les familles des travailleurs ruraux ont été soumises sur place. Les familles se retrouvent à la rue, n’ont nulle part où aller, et les enfants ne pourront pas terminer leur année scolaire. Le gouvernement de l’État, ainsi que d’autres organismes publics, ne se sont pas prononcés sur ces violations des droits humains et n’ont proposé aucune solution alternative au conflit. Les familles ont résisté jusqu’au dernier moment mais ne pouvant plus gérer la situation ont choisi de commencer le démantèlement des cabanes. En cette heure, les familles organisent un campement temporaire dans une région avoisinante.

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Ces derniers jours, les paysans avaient été attaqués par des hommes armés, ce qui avait suscité une grande mobilisation d’amis et d’organisations solidaires et rouvert le débat sur la propriété de la terre et la violence dans cette région du nord du Brésil.

Le Mouvement des Sans Terre remercie  les centaines de gestes de solidarité du Brésil et de l’étranger et réitère son engagement pour défendre les droits des familles des travailleurs ruraux sans terre dans la lutte pour la réforme agraire et la justice sociale. Celles-ci n’abandonneront pas la région.

Le latifundio veut la guerre, nous, nous voulons la terre!

Direction de l’État du Para du Mouvement des Sans Terre

Source : http://www.mst.org.br/2017/12/14/mst-repudia-acao-de-despejo-no-acampamento-hugo-chavez-no-para.html

Traduction : T.D.

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Brésil : jours d’angoisse et de terreur au Para

Les mouvements sociaux font face à l’expulsion des sans terre, à la violence policière et à la mort des défenseurs des droits humains

Par Felipe Milanez, De Carta Capital. 30 novembre 2017

Le Pará vit des jours de tristesse et d’angoisse, de panique et de terreur en vertu d’une méga-opération de la police militaire et du décès  de personnages historiques dans la défense des droits de l’homme.

Lundi 27, le commandement des missions spéciales (CME) de la PM (police militaire) a commencé  la reprise de possession des terres dans les plantations de la région, en se concentrant sur les zones occupées par le MST dans les terres latifundiaires de la Compagnie Agricole Santa Barbara Xinguara S / A, du groupe Opportunity,  appartenant au banquier Daniel Dantas.

Initiée à 7 heures du matin, la réintégration a connu des moments de tension, mais les leaders du mouvement négocient constamment une solution politique. L’opération contre le MST a eu lieu le lendemain de la mort du frère Henri Burin des Roziers, le dimanche 26, à Paris, de causes naturelles. A 87 ans, l’avocat dominicain et son histoire de vie ont été une étape importante dans la lutte pour la réforme agraire, contre le travail esclave et l’impunité des assassinats de dirigeants syndicaux dans le sud du Pará.

Roziers était une force morale et intellectuelle fondamentale pour les mouvements sociaux. Diplômé en droit à l’Université de Cambridge avec un doctorat de la Sorbonne, sa présence était cruciale pour condamner des hommes de main et des criminels agriculteurs dans les années 1980 et 1990. «J’ai passé une grande partie de mon temps au Brésil en essayant d’agir pour que la Justice juge et condamne les assassins », a confié Frei Henri dans une interview avec Carta Capital en 2015.

Frei Henri était fondamental dans la lutte pour les droits de l’homme au Pará. Un malheur n’arrivant jamais seul, le décès du père Henri est venu exactement un mois après la mort subite, par crise cardiaque, de Paulo Fonteles fils, membre de  la Commission de la Vérité de l’État de Pará  et l’un des chercheurs principaux des décombres du massacre de la guérilla de l’Araguaia. Il a également été un immense défenseur des droits de l’homme au Pará, un militant dont le père, déjà, l’avocat Paulo Fonteles, qui a courageusement  fait face aux propriétaires latifundiaires, a été assassiné par des hommes de main en 1987.

Les décès surviennent en même temps que la méga opération de réintégration des terres se déroule dans le sud du Pará, dans la région de Marabá. Des terres qui avaient déjà été concédées à la réforme agraire, des acquis consolidés par les mouvements sociaux.

Au moins 14 mandats d’expulsions ont été décidés par le juge de la Cour agraire de Marabá, devant être exécutés d’ici la fin de l’année. La semaine dernière, les mouvements sociaux ont entamé une campagne de mobilisation, avec des blocages de route, puis des marches contre les expulsions des familles.

La première réintégration a eu lieu à la Ferme Cristalina, à Itupiranga, le 2 novembre. Le lundi 27 novembre, ça a été au tour du campement Helenira Resende, du MST.

Avec plus de 700 familles, le campement Helenira Rezende, nom donné en hommage à une guérillera combattante de l’ Araguaia, est installé sur les fermes du Cèdre et Fortaleza, Santa Barbara depuis 2009. La plupart des familles s’étaient organisées pour quitter pacifiquement la zone agricole Cedro, l’objet de la demande de réintégration. Il se trouve qu’elle est frontalière sans limite bien défini, avec la ferme Fortaleza, un espace public illégalement pris, que l’ INCRA (Institut national de la Réforme Agraire) est en droit de confisquer pour la réforme agraire, mais n’a toujours pas fait.

Il y a une impasse qui a duré toute la semaine, avec des rapports tendus et risqués. Santa Barbara a envoyé 15 camions et une pelleteuse pour collaborer avec la police. Les Sans terre ont résisté quand le tracteur a démoli l’école.

Le MST a indiqué que les familles sont installées dans ce campement depuis près d’une décennie, produisant environ 1 500 litres de lait par jour, en plus d’avoir plus de 10 000 pieds de bananiers et 40 hectares de manioc. Le reste est un immense pâturage avec des squelettes de châtaigniers, pour qu’on se souvienne qu’un jour, avant que le latifundio ne s’installe, c’était la forêt amazonienne.

Ils sont également menacés les campements Dalcídio Jurandir, la ferme Maria Bonita, du Groupe Santa Barbara, avec une audience prévue pour le 1er Décembre, et le campement Hugo Chavez, situé dans la ferme d’un ancien mineur chercheur d’or de la région, responsable de l’une des plus importantes déforestations de l’histoire de l’Amazonie, avec une audience pour le 13 décembre. En juillet, des hommes de main armés ont attaqué le campement de Chávez.

Les fermes Cedro, Fortaleza et Maria Bonita font partie de la stratégie d’investissement foncier de Daniel Dantas. Ce sont des latifundios achetés à la famille des Mutran en décadence, ceux qui, dans le passé, constituaient l’oligarchie brutale des châtaigniers. Dans la  Fazenda Cabaceiras, appartenant à la famille Mutran, expropriés en 2008 pour faire place à une unité productive agricole dirigée par le MST, a été trouvé un cimetière clandestin.

Ces actions de réintégration vont de pair avec la politique du gouvernement fédéral d’arrêter la réforme agraire. Depuis le coup d’État, Temer a commencé à nommer à l’Incra des  « ruralistes » (défenseurs des latifundio) et, l’année dernière, il a émis un décret provisoire (759/2016) pour «moderniser la réforme agraire». L’intention était de favoriser la ré-concentration des terres dans les mains des riches propriétaires et de l’agrobusiness.

La fin de la réforme agraire

Ces mesures anti-réforme agraire du gouvernement fédéral, comme l’explique l’avocat de la Commission Pastorale de la Terre dans la région, José Batista Afonso, ont augmenté les tensions. « Elles signalent que le gouvernement ne soutiendra pas les préemptions/réquisitions ni les indemnisations, ce qui incite les grands propriétaires terriens (fazendeiros) à mettre tous les moyens en œuvre pour expulser les familles », affirme-t-il.

Dans une lettre ouverte où il dénonce l’escalade de la violence, Mauricio de Areu Monteiro, le recteur de l’Université Fédérale du Sud-Est du Para (Unifesspa) ; Raimunda Nonata Monteiro, recteur de l’Université Fédérale de l’Ouest du Para (Ufopa) ; et Claudio AlexJorgeda Rocha, recteur de l’Institut Fédéral du Para (IFPA), ont manifesté leur « solidarité en faveur des luttes des peuples ruraux pour le droit de vivre dans la dignité ».

Violence et mémoire

Tandis que la Police Militaire est utilisée contre les travailleurs ruraux pour défendre la grande propriété foncière, 20 assassinats de travailleurs ruraux ont déjà eu lieu cette année dans le Para. Le 24 mai dernier, dix d’entre eux ont été exécuté par la police (de l’État du Para), au cours d’un événement connu sous le nom du Massacre de Pau D’Arco. Grâce à une forte mobilisation d’organisations de défense des droits de l’homme, et d’une enquête de la police fédérale, il a été possible d’identifier les responsabilités individuelles des policiers assassins et onze d’entre eux sont aujourd’hui sous les verrous. La police fédérale a depuis été dessaisie du dossier, ce qui est préoccupant pour la suite de la procédure.

Si le Massacre de Pau D’Arco, perpétré par la police de l’État, rappelle à la mémoire collective de la région, l’époque des assassinats en masse (chacinas) des années 1980, l’imminence des actions de récupération des terres pour le compte des grands propriétaires effectuées par la police ravive les terribles souvenirs du Massacre d’Eldorado de Carajas, du 17 avril 1996, lorsque la police militaire du Para tua 19 travailleurs ruraux.

Ces actions en défense de la grande propriété foncière, menées par le gouvernement et la justice, engendrent un véritable climat d’« insécurité juridique » pour les travailleurs ruraux. Une situation qui tranche radicalement avec l’argument en faveur d’une nécessaire « sécurité juridique », dont se targue habituellement les grands propriétaires, pour disqualifier les demandes de terres des paysans, des indigènes et des communautés de descendants d’esclaves-marrons (quilombos).

L’absence du Frère Henri

Dans ce climat de tensions et de violence structurelle, Frère Henri Burin des Roziers était une figure clé de la défense de la démocratie et de la justice. C’est aussi pour cela que sa perte a provoqué un fort sentiment de déprime parmi les militants.

En mai de l’année dernière, il avait envoyé une lettre à un campement qui porte son nom, à Curionopolis (Para). Attaquée par des milices armées, la propriété Fazendinha fait l’objet d’un mandat de réintégration en faveur de l’INCRA (Institut National de Colonisation et Réforme Agraire) expédié par le Tribunal Régional Fédéral. Ici, bizarrement, la police n’agit pas, lorsque les milices armées (pistoleiros) sont actives et terrorisent la population des campements. « La loi est de votre côté » écrivait Frère Henri : « Mais il y a beaucoup de coups bas de la part des grands propriétaires dans le but de falsifier certaines choses et faciliter la récupération des terres par usurpation (grilagem) ». Il ajoutait « Restez fermes, unis, confiants, déterminés, et ne laissez pas ces grands propriétaires s’approprier la terre qui est la votre. »

Frère Henri est décédé en France. Au mois de mai 2014, j’ai réalisé une entrevue avec Frère Henri au couvent Saint-Jacques où il résidait à Paris, qui portait sur la violence dans cette région du Brésil. Il décrivait les massacres comme des « crimes contre l’humanité, comme une dictature, un génocide. Peu importe combien de temps cela prendra, il est impératif que cela soit jugé, et que cela soit qualifié de crime contre l’humanité. Au regard de l’histoire, ce sera considéré comme un crime très grave ».

Il défendait la Justice, pas seulement dans son aspect punitif, mais en tant que construction de la mémoire collective, de l’histoire d’un peuple. « Un crime grave qui ne tombera pas dans l’oubli. »

Source : Carta Capital et MST, http://www.mst.org.br/2017/11/30/dias-de-angustia-e-terror-no-para.html

Traduction: Mônica Passos et Guillaume Van Wijk

Merci à Monique Murga

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Rude coup pour l’agrobusiness: les députés chavistes votent la Loi des Semences

CW4v2l5UkAAQYhVAprès deux ans d’un débat marqué par  la forte participation des mouvements sociaux (dont l’équipe des Sans Terre au Venezuela), le parlement vénézuélien, qui dispose jusqu’au 5 janvier 2016 d’une majorité chaviste, a approuvé le projet de la Loi des Semences (nous avons rendu compte sur ce blog de la longue marche de cette loi d’initiative populaire, NdT) (1)

Les organisations qui ont défendu cette loi la définissent comme « fruit d’un consensus anti-OGM et anti-brevet ». Depuis plusieurs jours les citoyen(ne)s avaient manifesté leur appui sur les réseaux sociaux ou depuis les balcons de  l’hémicycle aux député(e)s qui discutaient et votaient les articles de ce texte.

Son élaboration a commencé en octobre 2013 sous l’impulsion de mouvements paysans, d’organisations écologistes, de mouvements politiques et sociaux qui appuient le processus révolutionnaire. L’objectif du texte est de promouvoir la production d’aliments sur la base d’une conception agro-écologique, d’interdire les OGM, et de retirer aux grands groupes privés un négoce potentiel qui brasse des milliards de dollars dans le monde entier.

L’approbation de la loi repose sur les articles 127 et 305 de la Constitution Bolivarienne. L’article 127 stipule que “l’État protègera l’environnement, la diversité biologique, les ressources génétiques, les écosystèmes, les parcs nationaux et le patrimoine naturel, ainsi que toute zone qui revêt un intérêt écologique particulier. Le génome des êtres vivants ne peut faire l’objet de brevet commercial et la loi sur la bioéthique régulera cette matière. C’est l’obligation fondamentale de l’État de garantir que la population puisse vivre dans un milieu libre de pollution, où l’air, l’eau, les sols, les côtes, le climat, la couche d’ozone, les espèces vivantes seront protégées spécialement, conformément à la loi”.

Pour sa part l’article 305 prévoit : “l’État encouragera l’agriculture soutenable comme base stratégique du développement rural intégral afin de garantir la sécurité alimentaire de la population, comprise comme la disponibilité suffisante et stable d’aliments dans le cadre national et l’accès opportun et permanente à ceux-ci par les consommateurs”.

En fait la loi applique le mandat constitutionnel sur des thèmes sensibles comme l’interdiction de breveter le vivant. Son objet est de « préserver, protéger, garantir la production, la multiplication, la conservation, la libre circulation et l’usage des semences autochtones; ainsi que la promotion, la recherche, l’innovation, la distribution et l’échange de celles-ci, à partir d’une vision agro-écologique socialiste, en privilégiant la production nationale de semences”.CWSFA5OWsAEtRhcCWTTK52WwAMJoiL

Réactions de l’entreprise privée

Cette politique va en sens inverse de celles impulsées depuis une dizaine d’années, y compris dans des pays considérés comme progressistes – le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, par rapport à des pays néo-libéraux comme le Mexique, la Colombie, le Pérou, le Chili. Alors que tout le continent reste dominé par le modèle des transnationales qui contrôlent le marché des semences dans le monde: Monsanto, Syngenta, DuPont, Dow, Bayer, BASF-, au Venezuela la Révolution Bolivarienne a choisi la voie d’un modèle écosocialiste, tracé dans la plate-forme électoral de Chavez puis de Maduro : le Plan de la Patrie 2013 – 2019. (2)

La nouvelle norme a fait l’objet des critiques de l’opposition de droite, qui a refusé de voter en sa faveur. Après la séance, le député Ivan Colmenares, de l’État de Portuguesa, a déclaré que “cette loi de semences n’est pas viable vu sa nature trop idéologique, son caractère anti-OGM et son caractère anticonstitutionnel”. Colmenares la considère comme “discriminatoire envers le secteur privé et envers la population qui n’est pas alignée sur le processus de changement. Elle est également très contradictoire puisqu’elle défend les semences originaires des ethnies et des paysans sans propositions tangibles pour leur production ”.

Cette position exprime directement la position de la principale Chambre de l’agro-business, Fedeagro, dont le président Antonio Pestana, dès le lendemain des élections législatives du 6 décembre qui ont vu la nette victoire de la droite, demandait que «soit donné en priorité un coup d’arrêt à la Loi des Semences ”.

Pour le représentant patronal, cette loi serait approuvée par des personnes qui « de manière irrationnelle, font passer leur idéologie avant tout autre chose ”. Il a rapidement révélé la sienne : “Il y a un autre thème qui est celui de la Commission Nationale de Biosécurité. Nous devons permettre à nos chercheurs de parler d’OGMs; si ceux-ci sont mauvais pour la santé des vénézuéliens alors il faut empêcher leur entrée dans le pays, mais s’ils disent qu’ils ne nuisent ni à l’environnement ni aux consommateurs, nous devons permettre que les agriculteurs vénézuéliens puissent opter pour cette technologie qui a donné de bons résultats dans d’autres pays ”.

En outre Fedeagro a exigé que soit éliminée la Loi des Terres de 2001 – une des “causes” qui poussèrent le patronat vénézuélien à organiser le coup d’État contre le président Chavez en avril 2002 – et que les terres soient rendues aux grands propriétaires.

Pour les mouvements sociaux il s’agit d’un pas important dans un travail collectif d’organisation qui a pris des années. Il se concrétise dans une bataille plus générale entre deux projets parvenus au plus haut degré d’antagonisme. Si la droite tente d’éliminer la Loi des Terres et la Loi des Semences elle aura face à elle, c’est prévisible, une population décidée à les défendre.

Fernando Vicente Prieto – @FVicentePrieto

Notes:

(1)        Lire notamment « Au Venezuela, le peuple légifère contre Monsanto »https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/12/20/comment-faire-une-loi-au-venezuela/ et « Le Venezuela lutte contre les transnationales en produisant ses semences autochtones”, http://wp.me/p2ahp2-1vp
(2)        Lire « Ce que va faire la révolution bolivarienne de 2013 à 2019 » https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/15/ce-que-va-faire-la-revolution-bolivarienne-de-2013-a-2019/

Source : http://notas.org.ar/2015/12/24/asamblea-nacional-venezuela-aprueba-ley-semillas/

Traduction : Thierry Deronne

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Syngenta condamnée: la Justice responsabilise l’entreprise de la mort d’un Sans Terre au Paraná

L´attaque ayant lieu en 2007 a eu comme conséquence l´assassinat du travailleur rural Keno, et d´autres paysans blessés. La condamnation de  Syngenta est bien accueillie par les mouvements sociaux puisqu´il est toujours très difficile de  responsabiliser les entreprises des violacions des droits humains commises par elles mêmes.

L´entreprise suisse productrice des OGM et des agro toxiques, Syngenta, a été responsabilisée par la justice de l´assassinat du travailleur  rural Valmir Mota de Oliveira (plus connu comme Keno) et pour la tentative d´assassinat d´ Isabel de Nascimento de Souza. Les deux étaient membres de La Vía Campesina et ils ont été les victimes de l´attaque des gardes privées armées,  en 2007.

La résolution, présentée par le juge de droit Pedro Ivo Moreira, de la Cour Civile de Première Instance de la région de Cascavel (Etat de Paraná, Brésil), a été publiée dans le Journal  Officiel de l´État mercredi dernier, le 17 novembre. La sentence détermine que l´entreprise doit payer les  indemnités   aux familiers de Keno et à la victime Isabel pour les préjudices moraux et matériaux qu´elle a provoqués. L´ action a été jugée en 2010, à manière de tentative d´obtenir des réponses de l´ État quant à la responsabilité de la corporation Syngenta concernant l´attaque mise en pratique par la milice armée privée.

Cette résolution est bien appréciée par los mouvements sociaux et les organisations des droits humains, puisque la responsabilité des entreprises qui commettent des violacions aux droits humains est un défi d´ordre global. “Actuellement, les entreprises transnationales ont une grande liberté de participation transnationale, mais il n´y a pas de normes ni de mécanismes nationaux ni internationaux suffisants pour les obliger à respecter les droits humains ou pour les responsabiliser en cas de violacions.. La condamnation de Syngenta, dans ce cas, est une exception à la règle, explique l´avocat populaire de Terre de Droits, Fernando Prioste, qui a suivi le cas.mst1

Sur la décision

Le juge a reconnu que ce qui a eu lieu dans la station expérimentale de l´entreprise Syngenta a été un vrai massacre. Dans sa décision, il affirme que ´´dire que ce qui s´est passé a été une confrontation, c´est fermer les yeux devant la réalité, puisque […] il n´y a pas de doute qu´ en fait, il s´agit d´un massacre avec un visage de remise des possessions ´´. Ainsi, on voit que la version de Syngenta a été refusée para le Pouvoir Judiciaire. L´entreprise se défend en disant que l´attaque de 2007 serait-il le résultat d´une confrontation entre des gardes privés et des membres de la Via Campesina.

Lors de sa défense, Syngenta a reconnu l´illégalité de l´action contre La Via Campesina et le MST. L´entreprise a affirmé que ´´plus que la protection de n´importe quelle exploitation agricole, c´est clair que la garde privée avait comme objectif de défendre une position idéologique contre le MST [Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre] afin de propager l´idée que toute action a toujours une réaction´´.   Ainsi, la transnationale essayait d´évader ses responsabilités, en soutenant que l´attaque n´avait pas été fait par l´entreprise, mais par une milice ayant à sa tête les propriétaires des exploitations agricoles.

Toutefois, dans sa décision, le juge a reconnu que ´´la mauvaise élection dans le service externalisé de provision de sécurité, et aussi le financement indirect des activités illicites, tout  cela devient un fait à une grande responsabilité civile´´.

En outre, le juge a fortement désapprouvé l´attaque en affirmant que même si l´invasion à la propriété a été illégitime, cela n´admet pas le fait d´agir de sa propre main, et d´imposer la peine de mort aux occupants. Bien au contraire, il faut chercher les moyens légaux de solution au conflit, puisque la loi considère délictueux l´exercice arbitraire à partir des raisons personnelles´´.  C´est ainsi que la décision judiciaire qui a condamné Syngenta confirme le fond idéologique de l´action des gardes, mais aussi responsabilise l´entreprise de cette action.

La décision judiciaire n´est pas encore définitive. Syngenta, à travers son défenseur, Renne Ariel Dotti, pourra faire recours au Tribunal de Justice de l´État de Paraná. Selon l´avocat populaire de Terre de Droits, Fernando Prioste,  on attend que le Tribunal mentionné maintienne la décision dont l´objectif est celui de trouver la vérité concernant les faits ayant eu lieu en octobre 2007. “Les preuves contre l´entreprise sont-elles indubitables “, a-t-il dit. “Un éventuel acquittement de Syngenta signifierait la complicité du système de justice concernant les massacres, tel le prouve ce cas. ”

mst2Des manifestants protestent pour la mort de Keno devant le siège de l´entreprise, en Suisse, en 2008

Exception à la règle

Consultée sur la décision, Isabel Nascimento dos Santos s´est déclarée heureuse, bien ailleurs la réparation économique. Gravement blessée pendant l´attaque conçu et pratiqué par Syngenta en 2007, l´agricultrice a remarqué la reconnaissance de la part de la Justice, et la responsabilité de l´entreprise dans cette affaire.

“Il s´agit maintenant de lever la tête, d´essayer d´oublier un peu la souffrance que nous avons vécue´´. La lutte a-t-elle pris fin? “Jamais! On va tout droit en avant, on va donner suite au travail de Keno”.

Le représentant du MST de la région de Cascavel, Eduardo Rodrigues, remarque l´importance de la décision. Selon Rodrigues, c´est très fréquent de vérifier de l´impunité des grandes entreprises qui violent les droits, et au même temps, c´est fréquent de constater que des membres du mouvement paysan sont-ils criminalisés pour leur lutte opposée au modèle de l´agro affaire. “L´ attaque n´a pas eu lieu sans la connaissance de la multinationale”, a dénoncé l´agriculteur. “Ils n´ont pas donné que leur soutien institutionnel, ils ont même donné leur soutien financier et de la logistique”.

Rodrigues a avoué qu´il voudrait bien que cette  décision soit appliquée à d´autres cas de responsabilité des entreprises pour les attaques qu´elles perpètrent. “J´espère que cette décision rendra plus forte notre lutte, en faisant visible nos copains”.

Il y a beaucoup d´obstacles à surmonter afin de parvenir à que les entreprises respectent les droits humains et qu´elles deviennent responsables des violations qu´elles commettent. Cette réalité a provoqué la discussion de l´Organisation des Nations Unies (ONU) sur l´établissement d´un traité international qui puisse créer des mécanismes de prévention, de réparation et de responsabilité en ce qui le sujet des entreprises et des droits humains.

Le groupe de travail de l´ONU, qui mène à bien des activités pour l´établissement de ce traité, visitera le Brésil en décembre prochain. On espère que les représentants  de l´ ONU puissent  utiliser la condamnation de Syngenta comme une référence au moment des évaluations des grandes entreprises qui commettent des violacions contre les droits humains moyennant des entreprises externalisées.

Sur ce dossier

Le 21 octobre 2007, près de 40 tueurs de l´entreprise “NF Sécurité”, ont attaqué le campement de La Vía Campesina, situé au campus d´expérimentation des OGM de la transnationale Syngenta, à Santa Tereza de l´ Ouest (État de Paraná). Le lieu avait été récupéré par environ 150 membres de La Vía Campesina, et du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), ce même matin-là.

Les occupants dénonçaient les réalisations des essais illégaux avec du maïs transgénique dans la zone au Parc National d´Iguazú. Les membres de La Vía Campesina ont voulu même dénoncer les entreprises biotechnologie agissant d´une telle manière à imposer un modèle d´agriculture provoquant des dommages climatiques et de l´environnement moyennant l´utilisation des OGM et des agro toxiques. Et de cette façon, essayer de pouvoir rendre invisible la production des aliments sains pour les paysans, les communautés originaires et traditionnelles.

Des miliciens de l´entreprise “NF Sécurité” fortement armés ont envahi le lieu en tirant de coups de revolver sur les personnes présentes dans cet espace.  Selon les informations de La Vía Campesina, l´action avait  été promue par Syngenta, qui utilisait des services de “NF Sécurité”, et aussi avec la participation de la Société Rurale de la Région Ouest (SRO), et le  Mouvement des Producteurs Ruraux (MPR), lié à l´agro affaire. Des indices signalent que l´entreprise de sécurité ne serait- elle qu´une façade. Et qu´elle aurait embauché des gardes d´une manière illégale pour les opérations d´attaque.  Outre Keno, les tireurs ont ciblé Isabel et ils ont aussi blessé trois  agriculteurs.

Possédant le19 % du marché des agro chimiques, et la troisième entreprise ayant le plus grand gain dans la commercialisation des semences du monde, très proche de Monsanto et de Dupont, Syngenta, avec d´autres transnationales, rend encore plus grave la scène de violence dans le campus moyennant l´imposition d´un modèle d´agriculture basé sur la monoculture, sur la super exploitation du travailleur, sur la dégradation de l´environnement, sur l´utilisation des agro toxiques et sur l´appropriation des ressources naturelles et génétiques.

Dans le lieu où il y a eu l´attaque, aujourd´hui se dresse le Centre de Recherche en  Agroecologie Valmir Mota de Oliveira, “Keno”.

>> Sur le sujet de la responsabilité des entreprises pour les violations des droits humains, Terre de Droits a conçu une guide afin de fournir une  évaluation sur les  possibilités de plaider contre les entreprises dans le domaine international.

Source : http://www.alainet.org/fr/articulo/173897



Lutter, construire la réforme agraire populaire ! Manifeste pour le VIème Congrès des Travailleurs Sans Terre (février 2014)

MST 2014 1

Nous, Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), après trente ans de lutte, prenons les engagements suivants :

1 ) La terre, l’eau, les forêts, la faune, la flore, les minéraux, le soleil, bref tous les produits de la nature doivent être au service du peuple et doivent être préservés pour les générations futures .

2 ) L’accès à la terre doit être démocratisé et sa fonction sociale réalisée. Toutes les familles paysannes doivent avoir le droit de vivre et de travailler la terre et de vivre sur elle.

3 ) Nous soutenons la démarcation de tous les territoires appartenant aux peuples indigènes, aux communautés autochtones traditionnelles, quilombos des afro-descendants, riverains, mineurs et pêcheurs artisanaux.

4 ) Nous devons prioriser une production alimentaire saine, garantir la santé des producteurs, des consommateurs et la préservation de la nature. La nourriture est un droit et ne peut être réduite à des marchandises, sources d’exploitation et de lucre.

5 ) Nous soutenons le principe de la souveraineté alimentaire, pour que chaque communauté et chaque région produise la nourriture nécessaire à sa population.

6) La production agricole doit être agro-écologique et doit abolir l’utilisation des pesticides et des semences génétiquement modifiées.

7 ) Les semences sont un patrimoine des peuples au service de l’humanité, et ne peuvent être soumises à aucune propriété privée.

8) Promouvoir différentes formes de coopération agricole et développer dans les zones rurales une agro-industrie sous le contrôle de travailleurs.

9) Lutter contre la déforestation et impulser le reboisement des zones dégradées avec des arbres indigènes et fruitiers.

10 ) Développer, sous la forme de coopératives, la souveraineté énergétique de chaque communauté, profitant des sources d’énergie renouvelables, pour répondre aux besoins de la population.

11 ) Toutes les personnes vivant en zone rurale ont droit à l’éducation publique, gratuite, de qualité et à tous les niveaux, sur leur lieu de résidence.

12 ) Garantir le droit de la population paysanne à produire et à jouir des biens culturels et de l’accès aux différents médias.

13 ) Les travailleurs/employés ruraux doivent jouir des mêmes droits sociaux, de la même sécurité sociale et des mêmes garanties que les travailleurs/employés urbains.

14 ) Les relations sociales de production doivent abolir l’exploitation, l’oppression et l’aliénation. Les travailleurs doivent contrôler le résultat de leur travail.

15 ) Combattre toutes les formes de violence contre les femmes, enfants et personnes âgées. Il faut éliminéer toutes les formes de discrimination sociale, de genre, d’appartenance ethnique, religieuse ou d’orientation sexuelle.

16 ) Combattre toutes les formes de travail forcé et d’esclavage, exproprier les fermes et les entreprises qui les pratiquent et sanctionner leurs propriétaires et responsables.

17 ) Garantir l’accès à la formation permanente, technico-scientifique et politique, pour tous les habitant(e)s des zones rurales. La connaissance doit être un outil de conscientisation, de libération et d’élévation culturelle permanente.

Les zones rurales doivent être un endroit où il fait bon vivre. Où les gens voient leurs droits respectés et jouissent de conditions de vie dignes. C’est pourquoi nous maintenons notre ferme engagement de lutter pour la transformation sociale !

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En route vers le VIème Congrès du Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST) | 10-14 février 2014, Brasília / DF

Traduction : T.D.

URL de cet article : https://mouvementsansterre.wordpress.com/2013/12/30/lutter-construire-la-reforme-agraire-populaire-manifeste-pour-le-vieme-congres-des-travailleurs-sans-terre-fevrier-2014/