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Le lourd bilan écologique du groupe minier brésilien Vale

Des militants du Mouvement des travailleurs Sans Terre (Brésil) déversent de la peinture rouge devant le siège de Vale à Rio de Janeiro, le 18 avril, pour protester contre les dommages environnementaux causés par l’entreprise.

La société minière Vale se trouve de nouveau sous les projecteurs. Un rapport, « Le non-développement durable de Vale 2012 », rendu public le 18 avril à Rio, porte des accusations pour le moins sévères contre l’entreprise brésilienne privatisée en 1997. Selon l’organisation Articulation internationale des victimes de Vale (AIVV), qui regroupe 30 mouvements sociaux au Brésil, en Argentine, au Canada, au Chili et au Mozambique, Vale aurait causé en 2010 des dégâts sur l’équivalent d’une superficie de 741,8 km².

La société est accusée d’avoir émis, la même année, 89 millions de tonnes de dioxyde de carbone et 6 600 tonnes de particules en suspension, soit 29 % de plus par rapport à 2009. L’émission de dioxyde d’azote a été de 110 000 tonnes en 2010, soit 30 % d’augmentation en un an. Et celle du dioxyde de soufre a atteint les 403 000 tonnes, 25 % de plus qu’en 2009. Ce sont des chiffres officiels figurant en bonne place dans le rapport sur le développement durable 2010 de Vale.

Selon Andressa Caldas, responsable de l’ONG Justiça Global, le rapport de l’AIVV répond point par point au rapport de Vale, qui est présente dans le secteur des mines, de l’énergie et de la logistique : « Vale viole les droits humains non seulement au Brésil, mais aussi dans les 37 pays où elle intervient […]. Au Canada, la tentative de Vale de changer radicalement sa relation avec les travailleurs et les syndicats a provoqué les grèves les plus longues de l’histoire du pays », souligne Andressa Caldas. Elles ont duré onze mois, entre 2009 et 2010, à Sudbury et Port Colborne, dans la province de l’Ontario, au sud-est du pays, et dix-huit mois à Voisey’s Bay, dans la province orientale de Terre-Neuve-et-Labrador.

« La crise mondiale actuelle a été utilisée comme justification pour réduire les salaires, augmenter les journées de travail, licencier en masse, supprimer des acquis sociaux », dénonce le rapport de l’AIVV. En 2012, quatre travailleurs sont morts dans des exploitations minières canadiennes de Vale. La direction de Vale, à Sudbury, a suspendu, le 30 janvier, l’activité de cinq mines après la mort de deux travailleurs ensevelis par un torrent de boue dû à une infiltration d’eau ayant inondé le tunnel où ils opéraient.

L’enquête réalisée par le syndicat United Steelworkers a conclu que Vale avait délibérément ignoré les problèmes d’infiltration, alors que cette zone aurait dû être isolée. « Malheureusement, des travailleurs sont morts. La compagnie était consciente que les conditions de sécurité n’étaient pas suffisantes, mais n’a rien fait pour y remédier. Nous faisons pression sur le gouvernement canadien pour qu’il admette la responsabilité pénale de Vale dans ces accidents », a expliqué le dirigeant du syndicat Myles Sullivan, à Rio.

Le rapport de l’AIVV brocarde par ailleurs l’entreprise brésilienne sur le non-respect des normes environnementales. A Rio, la ThyssenKrupp Companhia Siderúrgica do Atlântico (TKCSA), fruit d’un regroupement entre Vale et ThyssenKrupp Steel, le plus grand producteur d’acier d’Allemagne, possède une usine. A proximité de celle-ci, la population a subi une augmentation de 600 % des particules fines de fer dans l’air [Vale est le premier producteur mondial de ce minerai], selon des chiffres émanant du procureur de la République de l’Etat de Rio, qui avait déjà poursuivi l’entreprise et deux de ses dirigeants pour des faits similaires.

Source : 24.05.2012 | Fabíola Ortiz | ADITAL

Voir aussi : L´entreprise minière Brésilienne Vale élue “pire entreprise de l´année” pour son lourd dossier de violations des droits de l’homme et de destructions de l´environnement

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« L’éducation doit être construite avec la participation active des ruraux »

Par Mayrá Lima

De la page internet du MST, www.mst.org.br

Le gouvernement fédéral a lancé la semaine dernière le « Programme National d’Education Rurale » (Pronacampo). Selon le gouvernement, 1,8 million de reais seront investis pour apporter un soutien technique et financier aux Etats, au District Fédéral et aux municipalités pour la mise en œuvre de la politique d’éducation rurale.

Parmi les actions prévues dans ce programme, figurent la construction de trois mille écoles, l’installation de moyens informatiques sur vingt mille unités et l’acquisition de huit mille autocars, deux mille bateaux à moteur, et 180 000 vélos.

En outre, le gouvernement entend mettre en place un enseignement complet dans dix mille écoles rurales et communautaires.

Le Ministère de l’Education (MEC) confirme également que 23,18 % de la population rurale de plus de 15 ans est analphabète et que 50,9% ne termine pas le cycle élémentaire. En parallèle, la situation des écoles rurales n’est pas des plus encourageantes: pour 76 000 écoles, on compte 6,2 millions d’élèves inscrits et 342 800 professeurs, parmi lesquels seuls 182 500 ont fait des études supérieures.

La majorité des écoles ont des infrastructures précaires: pas d’électricité, pas de bibliothèque, et beaucoup n’ont pas non plus l’eau courante et connaissent peu de demandes d’inscription de la part des élèves.

« Nos revendications et notre campagne contre la fermeture des écoles et notre lutte pour la création de plus d’unités d’enseignement en milieu rural commencent à faire effet sur le gouvernement », dit Vanderlúcia Simplício, du secteur Education du MST, sur la page internet du MST.

En août 2011, la journée de lutte de la Via Campesina (Jornada de Lutas da Via Campesina) a dénoncé la fermeture des écoles en milieu rural. Des marches et des occupations ont eu pour objectif de réclamer à l’Etat des politiques d’éducation pour la campagne.

« Nous avons des données officielles indiquant qu’au cours des 10 dernières années, 37 765 écoles ont été fermées à la campagne. Les étudiants, transférés dans les écoles urbaines, dépendent du transport scolaire, qui souvent est de très mauvaise qualité. Nous avons soumis ces questions au MEC dans le cadre de la campagne « Fermer les écoles est un crime' », dit Vanderlúcia.

Interview.


Mayrá Lima – Pendant la journée de lutte, en août 2011, l’éducation rurale et la fermeture des écoles rurales ont été la cible des protestations. Pensez-vous que le Pronacampo a été une réponse à cette mobilisation?

 Vanderlúcia Simplício – Dès que la présidente Dilma (Roussef) a pris ses fonctions, nous avons présenté nos réclamations, et avons demandé à ce que la présidente puisse prolonger et renforcer les initiatives du gouvernement Lula; nous avons proposé d’interrompre la fermeture des écoles à la campagne, de mettre en place le Programme National d’Alphabétisation des Jeunes et des Adultes (Programa Nacional de Alfabetização de Jovens e Adultos),  le Programme National de formation des Enseignants (Programa Nacional de Formação de Educadores),  en renforcement du programme National d’Education de la Réforme Agraire (Programa Nacional de Educação na Reforma Agrária – Pronera), les initiatives de la Licence en Education Rurale (Licenciatura em Educação no Campo), en créant un Programme national de formation d’éducateurs ruraux; nous avons proposé la création de lois interdisant la fermeture des écoles rurales, et améliorant les infrastructures des écoles qui demeurent en milieu rural.

Pendant la Journée d’août, nous avons présenté une demande de construction de 350 écoles pour les unités de production agricole issues de la Réforme Agraire et pour les communautés des mouvements sociaux qui composent la Via Campesina.

M.L. – Quelles avancées peut-on constater?

V. S. – Nos revendications et notre campagne contre la fermeture des écoles, et la lutte pour la création de plus d’unités d’enseignement en milieu rural commencent à faire effet sur le gouvernement, si l’on considère le lancement de Pronacampo.

Le ministre de l’Education, Aloizio Mercadante, a souligné que l’un des objectifs les plus urgents est l’élaboration d’une loi conjointement avec les Conseils d’Education municipaux et des Etats, et en dialogue avec la société civile, en vue d’empêcher la fermeture des écoles rurales. Il a également insisté sur la priorité à la construction et à la rénovation des écoles, en plus de l’investissement pour l’accroissement des cursus de formation des éducateurs ruraux, qui est aussi une revendication des mouvement sociaux ruraux.

Notre grande préoccupation est l’offre de formation des éducateurs. La proposition du gouvernement fédéral est de réaliser toute cette formation via l’Université Ouverte du Brésil (UAB). Nous refusons que le processus de formation soit fait uniquement à distance, avec pour seule préoccupation de remplir partiellement les objectifs du gouvernement. La formation à distance ne doit intervenir qu’en de rares exceptions.

M. L. – Comment analysez-vous l’insertion du Pronacampo dans l’ensemble des autres politiques publiques déjà instaurées dans le cadre de l’éducation rurale?

V. S. – Pendant le gouvernement Lula, nous avons obtenu les directives d’éducation rurale, la création du Conseil National d’Education Rurale (CONEC) et la signature du Décret de l’Education rurale, qui a, entre autres, mis en place le Programme National de l’éducation pour la réforme agraire (Pronera) en tant que politique publique.

Nous restons préoccupés et attentifs, car nous ne savons pas quelles mesures seront prises par le Pronacampo pour réaliser les demandes d’éducation et les projets de terrain pour lesquels luttent les mouvements sociaux, comme ceux qui impliquent le Pronera et les Licences en Education Rurale. L’éducation doit être construite avec la participation active des ruraux et, dans sa mise en œuvre, à partir de leurs représentations via les mouvements sociaux.

M.L. – Face à ce qui a été lancé, quels sont les principaux défis déjà identifiés par ces mouvements sociaux?

V. S. -Pour son bon fonctionnement, le Pronacampo devra réussir à s’articuler avec d’autres secteurs au sein du MEC, et, en-dehors, avec les autres ministères qui pourraient également répondre aux attentes des unités de production agricole, pour garantir une véritable politique publique d’Education rurale. Ce  du MST, programme réaffirme que l’Education rurale est l’un de nos droits et un devoir de l’Etat.

Source (en portugais) : http://www.mst.org.br/e-preciso-uma-educacao-construida-com-o-protagonismo-dos-sujeitos-do-campo

Traduction de Zoé Macêdo pour www.mouvementsansterre.wordpress.com

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La « Maison de lecture » de la Réforme Agraire reçoit un prix dans l’État de Rio Grande do Sul.

Par Vanessa Ramos
De la Page du MST

C’est lentement et sûrement que la simple lecture d’un livre ou d’un conte a transformé la vie des enfants de l’Unité Productive « Filhos de Sepé » (État de Rio Grande do Sul).

Le projet “Le conte dans l’unité de production Filhos de Sepé”, développé par la Faculté de Lettres de l’Université Fédérale de l’État de Rio Grande do Sul (UFRGS) a permis aux  enfants des sans terre d’entrer en contact avec la littérature brésilienne et en espagnol dans un milieu historiquenent limité dans son accès à l’information comme l’est le milieu rural.

Pour la coordinatrice du projet, la professeur Graciela Quijano, “le conte dans l’unité de production de Sepé” est une expérience concrète de développement d’une relation culturelle créatrice et diversifiée en milieu rural, au sein d’une unité de production du Mouvenent des Sans Terre.

“Le grand objectif est de faire en sorte que la lecture, la recherche de nouveaux apprentissages et une plus grande jouissance des biens culturels deviennent un élément de la vie quotidienne de l’unité de production” explique-t-elle.

Ce projet qui existe depuis 14 ans a déjà valu la reconnaissance professionnelle à Graciela Quijano, qui a reçu le prix “Machado de Assis” de l’Académie Brésilienne des Lettres ; et le Prix “Viva Leitura” des ministères de l’Éducation et de la Culture.

En avril 2012, le projet a également reçu la mention “Amis du Livre” lors d’un hommage réalisé par la Chambre du Livre de l’État de Rio Grande do Sul.

Après avoir débuté par des activités de narration d’histoires en portugais et en espagnol pour les enfants, le travail s’est étendu à l’ensemble de la communauté des producteurs agricoles et à toutes les tranches d’âges. Près de huit élèves du cours d’extension de l’Institut des Lettres de l’UFRGS ont participé au projet initial.

Graciela raconte comment les activités du projet ont commencé dans l’Unité Productive du 13 mai, à Charqueadas, dans l’intérieur de l’État de Rio Grande do Sul. Mais la continuité du travail a souffert de la distance. Entretemps, pour ne pas l’interrompre, le travail a été redirigé vers l’unité productive qui se trouve à l’entrée de Cocão, dans la municipalité de Viamão, également située dans l’état de Rio Grande do Sul.

 La littérature au campement

A cette époque un grand nombre d’enfants vivait sur un lopin de terre très réduit, insalubre, au relief abrupt, sans canalisation d’eau ni électricité. Malgré cela, parmi les baraques couvertes de bâches noires, il y en avait une consacrée à la bibliothèque, avec l’indication des heures d’ouverture.

Dans deux autres baraques fonctionnaient une salle de classe, une école itinérante. “Ce fut dans ce local sans grandes ressources matérielles mais grâce à un profond engagement pour l’éducation que notre groupe d’étudiants en lettres, de lecteurs et conteurs d’histoires, s’est consolidé comme projet proprement dit, et donne encore des fruits aujourd’hui”, se souvient la coordinatrice.

En 1999, à quelques kilomètres de l’UFRGS, à Àguas Claras, autre municipalité de Viamão à 30 km de Porto Alegre, les travailleurs ruraux ont conquis une terrain de 9 mille hectares, qui a donné naissance à l’unité productive de « Filhos de Sepé ». C’est là où le projet a déménagé.

Pendant trois ans, les activités du projet d’extension ont été développées dans cette unité agricole où vivent environ 500 familles, réparties dans quatre secteurs. “Nous avons visité les différents secteurs et nous sommes restés dans chacun d’eux pour y mener des activités de stimulation à la lecture avec les enfants, durant près de huit mois” raconte  Graciela.

Ces activités se sont déroulées les samedis matins dans des hangars, des chapelles, des baraques ou tout simplement sous les arbres, c’est-à-dire dans des espaces informels transformés en lieux de culture associée au loisir.

« La présence spontanée des enfants et des jeunes, poursuit Graciela, a toujours favorisé la création d’une ambiance de fortes implication et participation, et d’une relation harmonieuse entre les conteurs d’histoires, les promoteurs de l’activité ludique et les enfants des producteurs agricoles. »

Actuellement le projet a donné naissance à la bibliothèque «Maison de Lecture», un espace ou se développent toutes sortes d’activités culturelles et qui intéressent les familles de l’unité agricole. La Maison possède pour l’heure plus de mille livres de toute catégorie et offre plusieurs ateliers dont la photographie, la cuisine, le théâtre, le recyclage de ferraille et la capoeira.

Pour Graciela, Il existe aujourd’hui de nombreux “latifundios” (grandes propriétés terriennes, NdT) à briser et à redistribuer comme le latifundio du savoir, de la culture et des arts. “Tous ensemble nous devons  contribuer à la poursuite de la construction d’un si bel espace, construit avec autant d’amour et de tendresse, et qui servira certainenemt d’exemple pour d’autres unités productives et d’autres campements dans tout le Brésil” confie-t-elle.

Source : http://www.mst.org.br/content/casa-de-leitura-da-reforma-agraria-e-premiada-no-rio-grande-do-sul

Traduction : Thierry Deronne, pour www.mouvementsansterre.wordpress.com

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Vers la fin de l’impunité du massacre de Eldorado de Carajás ? Le Mouvement des Sans Terre espère que la décision du tribunal sera suivie d’effets et que seront emprisonnés les policiers coupables.

NdT : nous avions relayé il y a quelques semaines l’appel du Mouvement des travailleurs Sans Terre aux amis du monde entier pour que justice soit enfin rendue dans ce cas tristement exemplaire d’impunité. La lutte semble aujourd’hui porter ses fruits.

Par Luiz Felipe Albuquerque

De La Page web du MST, www.mst.org.br


16 ans après l’événement connu comme le Massacre de Eldorado dos Carajás, le Tribunal de Justice de l’État du Pará a émis dans la matinée du 7 mai un mandat d’arrêt contre le Colonel Mario Colares Pantoja et contre le Major José Maria Pereira de Oliveira, deux policiers militaires condamnés pour leur participation directe dans le massacre de 21 travailleurs Sans Terre dans la municipalité de Eldorado dos Carajás, au sud-est de l’État du Pará, en 1996.

Les deux policiers avaient été jugés et condamnés en 2002 mais restaient depuis en liberté, déposant depuis dix ans recours après recours auprès du Pouvoir Judiciaire. Mais le ministre du Tribunal Suprême Fédéral (STF) Gilmar Mendes a demandé en mars 2012 que le dossier du procès retourne au Tribunal de Justice du Pará, face à ce qu’il a qualifié comme une tentative de retarder l’exécution des peines. Sur cette base le juge Edmar Pereira, de la Première Chambre de la Cour d’Assises, a émis le mandat pour que les condamnés purgent leurs peines.

Pantoja a été condamné à 228 ans de prison et le major Oliveira à 158 ans et 4 mois, mais le code pénal brésilien limite la peine maximale à 30 ans de réclusion.
“Il est important d’attendre l’exécution du mandat et que soit rendu effectif l’emprisonnement, ce n’est qu’alors que nous pourrons dire que l’impunité a pris fin. L’émission d’un document ne garantit rien”, affirme Giane Alvarez, avocate du MST.

“De tous les crimes perpétrés contre les agriculteurs dans l’état du Para, on compte très peu de condamnations des responsables intellectuels ou des exécutants. Et quand ils sont condamnés il est plus rare encore que soient appliquées les décisions de la justice” souligne Giane.

Pour elle la solution des problèmes liés à la question agraire du pays ne se réduit pas au problème de l’impunité.

« Le dénouement de cette affaire a cependant un caractère symbolique quant aux changements en cours dans la région. L’idée de l’impunité est peut être en train de changer. Tout ne va pas se résoudre en un jour mais c’est un bon signe” note Giane.

Le massacre de Eldorado dos Carajás.

Le Massacre de Eldorado dos Carajás s’est produit en 1996, durant une opération de Police Militaire pour réprimer le barrage de l’autoroute PA 150, dans la municipalité de  Eldorado do Carajás, dans le sud-est de l’État du Pará.

Lors de cette attaque 19 travailleurs ruraux sans terre furent  assassinés dans l’heure par la PM. Deux autres membres du Mouvement Sans Terre moururent par suite des blessures reçues durant cette action brutale. Plus de 60 personnes furent été blessées, et beaucoup conservent des séquelles pour le restant de leur vie.

Même si plus de 150 policiers militaires ont participé au massacre, mais seuls Pantoja et Oliveira ont condamnés. Le gouverneur de l’époque Almir Gabriel (PSDB) n’a pas été puni.
Source : http://www.mst.org.br/Tribunal-de-Justica-do-Para-determina-prisao-de-envolvidos-no-Massacre-de-Eldorado-dos-Carajas

Traduction : Thierry Deronne, pour www.mouvementsansterre.wordpress.com

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Le MST reçoit un prix aux États-unis pour son combat en faveur de la production agro-écologique.
5 Mai 2012, 5:21
Filed under: réforme agraire, Solidarité internationale

La Coalition pour Sécurité Alimentaire Communautaire (Community Food Security Coalition -CFSC )  a décerné au Mouvement des Sans Terre du Brésil le 3ème Prix Annuel de la Souveraineté Alimentaire. La récompense a été remise le 6 novembre 2011 à l’occasion de la 15ème Conférence Annuelle de CFSC, à Oakland, Californie, USA. Deux militants représentant le MST, Janaina Stronzake et Elias Araújo, étaient présents pour recevoir le prix au nom du mouvement.

« La récompense reconnaît tant la proposition du Mouvement de produire des produits alimentaires sains de manière durable, en quantité et qualité suffisantes pour toute la population, que l’importance du Mouvement des Sans Terre dans le paysage international en tant que mouvement de résistance au capitalisme et constructeur de nouvelles formes de société, de nouvelles économies, de nouvelles personnes, de nouvelles cultures » a déclaré Janaina.

Dans un communiqué transmis par courrier électronique, le Directeur exécutif du CFSC, Andrew Fisher, a remercié le MST pour ses efforts de garantir la souveraineté alimentaire au Brésil et dans le monde. Dans le texte il déclare  :

« Le MST a été choisi pour recevoir le prix en raison de son travail excellent de promotion de la souveraineté alimentaire et en vue de sa compréhension par la population, de ses actions sur le plan local, du développement et de la mise en œuvre des programmes et des politiques; de sa reconnaissance de l’importance des actions collectives pour générer des changements sociaux; des connections globales dans le travail de la souveraineté alimentaire et pour sa reconnaissance claire de l’importance de femme en matière d’agriculture et d’alimentation″.

Un des moments les plus beaux de l’événement, d’après Janaina, fut la cérémonie de remise du prix. « Nous avons donné notre drapeau aux camarades des Black Panthers (des Panthères Noires). C’était un très beau moment, de fraternité internationale. Plusieurs de ceux qui ont suivi l’événement nous ont dit que c’était un moment très touchant, de voir ensemble le MST et les Black Panthers  » raconte Janaina.

Aux États-Unis, pour Janaina, le MST est reconnu comme un des plus grands mouvements du présent, capable de proposer et de mener à bien les nouvelles possibilités de production agricole.

Ci-dessous, l’interview avec Elias Araújo.

– Que signifie recevoir le 3ème Prix de Souveraineté Alimentaire ?

Recevoir ce Prix de Souveraineté Alimentaire a été un moment de grande satisfaction parce qu’il reconnaît que le MST, avec d’autres mouvements de la Via Campesina, contribue à la formulation d’une stratégie d’action au-delà de ce qu’il est convenu d’appeler sécurité ou justice alimentaire. La remise de ce prix était la reconnaissance de cela, de ce processus de mobilisation que le MST et la Via Campesina mènent au Brésil et dans le monde.

Pour le MST cela implique, au-delà de la reconnaissance, un engagement social. Un engagement d’articuler les partenaires états-uniens qui avaient proposé et appuyé la candidature du MST pour le prix de cette année, le 3ème Prix. C’est aussi un engagement de mobilisation des mouvements internationaux dans la construction d’un mouvement pour la souveraineté alimentaire.

En ce moment, il y a une forte lutte contre l’alimentation industrielle, contre l’utilisation des pesticides et contre le monopole des grandes sociétés transnationales dans l’agriculture. Pour le Mouvement, cela renforce l’engagement d’intensifier le combat planétaire contre ce modèle de développement du Capital, qui remet en cause la souveraineté alimentaire des peuples.

– Pendant l’événement, as-tu perçu l’avis de la communauté internationale sur  le MST ?

L’événement marquait le rassemblement de toutes les organisations qui agissent pour la souveraineté alimentaire. Il y avait un groupe lié à la Via Campesina mais il y avait aussi des ONGS, des chercheurs, des professionnels de la santé, qui défendent des sujets plus spécifiques comme la qualité des produits alimentaires. Beaucoup connaissaient le MST et comprennent que c’est un grand mouvement, qui a aidé à construire le concept de souveraineté alimentaire et non pas de sécurité alimentaire, affrontant le discours des organismes multinationaux.

Les gens voient le MST comme un grand mouvement. Comme un mouvement qui inspire, qui motive, qui aide à agglutiner des forces pour ce qu’on appelle le mouvement pour la souveraineté alimentaire.

– Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose ?

Le MST est reconnu à l’extérieur pour son combat de développement de l’agriculture, pour sa lutte en faveur des produits alimentaires sains. Ce prix renforce pour nous l’idée que la Réforme agraire doit être davantage valorisée. Il y a une reconnaissance des partenaires de la Réforme agraire au niveau international que le mouvement est un instrument, que la Réforme agraire est nécessaire, qu’elle doit être, en fait, vue comme un mécanisme qui garantit la souveraineté alimentaire.

Traduction : Ermelindo Tadeu Giglio

Source : http://www.mst.org.br/MST-recebe-premio-nos-EUA-pelo-incentivo-a-producao-agroecologica

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Le fondateur de « Occupons Wall Street » voit dans le MST un mouvement de référence
3 Mai 2012, 6:49
Filed under: Lutte, Solidarité internationale

28 mars 2012. Par Luiz Felipe Albuquerque

De la page du MST, www.mst.org.br

Un des fondateurs du mouvement « Occupons Wall Street », Stephen Lerner, a visité l’Ecole Nationale Florestan Fernandes (ENFF), ce mardi 27 mars 2012, et en a profité pour donner une conférence aux étudiants qui sont actuellement en formation dans l’école.

Tout au long de son discours, Lerner a présenté et contextualisé le mouvement nord-américain devenu célèbre pour avoir remis en cause le système financier. Il a indiqué que le moteur inducteur des mobilisations est venu avec la crise par laquelle sont en train de passer les USA, où des milliers de familles ont été expulsées de leur maison, pour que les banques puissent être sauvées.

Un tel scénario a provoqué, selon l’activiste, un endettement de trillions de dollars des familles nord-américaines et a permis que le peuple américain distingue plus nettement les contradictions relatives à ce modèle politique actuel, qui représente seulement les grandes multinationales.

Lerner a mis en avant le fait que le MST ne sert pas seulement de référence en tant que mouvement organisé, mais que la méthode utilisée par « Occupons Wall Street » a pour base la forme même de lutte des Sans Terre, en attaquant, par l’occupation, l’ennemi central. Dans le cas des nord-américains, la symbolique s’exprime au travers de la rue qui représente le mieux le système financier au monde : Wall Street.

En ce sens, l’activiste a pointé du doigt la possibilité et l’intention d’une articulation entre les mouvements, en partant des expériences du MST dans ses processus d’organisation, de formation et de mobilisation.

Perspectives

Pour que le processus de lutte continue à être nourri, le travail de mobilisation et de formation des militants est une des armes de « Occupons Wall Street » et remplit un rôle essentiel, surtout qu’il s’agit d’une mobilisation comprenant une très grande hétérogénéité entre les acteurs sociaux, comme l’a rappelé Lerner.

De cette façon, l’activiste considère comme une forme de lutte la résistance des familles qui ont perdu leur maison, en plus de celles qui sont en cours d’expulsion, s’ajoutant à cela le reste de la société qui se voit endetté à cause des banques.

Pour Lerner, la résolution des problèmes de la société américaine trouve son issue dans la lutte collective, par le biais d’alliances avec divers secteurs de la société, entre autres les syndicats.

Qui est-il

Stephen Lerner, âgé de 54 ans, est engagé depuis trois décennies dans l’organisation de mouvements des travailleurs, dans la lutte pour la rémunération, les conditions de travail et la qualité de vie. Dans les années 1980, il a rejoint une entité qui intègre l’UNI Syndicat Global, qui réunit 900 organisations travaillistes du monde entier, regroupant 20 millions de personnes. Aujourd’hui, il est membre du conseil exécutif du Syndicat International des Travailleurs du Secteur des Services (SEIU).

A partir de 2008 – alors que la crise internationale continue de progresser-, Lerner a initié une campagne contre les actions des banques qui cherchaient à se protéger sans aider la population, campagne qui s’est constituée, ultérieurement, en un mouvement qui a pris le nom de « Occupons Wall Street ».

Traduction : Cécile Desoeuvre pour www.mouvementsansterre.wordpress.com

Source : http://www.mst.org.br/Criador-do-Ocupe-Wall-Street-ve-no-MST-um-movimento-de-referencia

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